Un voyage à travers les paysages de Kabylie, c'est ce que propose Mezahem Mohamed Arezki dans un échantillon de tableaux de peinture exposés à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Intitulées Ombres et lumières, ces œuvres exhalent l'amour de l'artiste pour son pays natal. Une vieille maison en ruine, un jardin fleuri à Draâ El Mizan, les routes enneigées de montagnes, le majestueux Djurdjura, le coucher du soleil sur une plage d'Azzefoun, la collection présentée au public invite à l'évasion. “Je peins selon mes impressions personnelles”, professe cet autodidacte. Accroc de tout ce qui est beau, il couche ses sentiments sur une toile admirablement colorée. “Il y a une variété de lignes, de formes. Il y a une grande harmonie naturelle du paysage en Kabylie, auquel il faut ajouter le soleil, les couleurs. C'est formidable”, susurre timidement le peintre. Le pinceau en bandoulière, Mezahem reconstitue les merveilles de la nature, la beauté du site. Aujourd'hui, la ville avale doucement mais sûrement ces espaces de villégiature. De vie tout simplement. Une agression caractérisée qui n'a pas manqué de rebeller ce fan des Beaux- Arts. Sentencieux, il lâche : “Il faut sauvegarder ce qui reste, ne serait-ce que sur un tableau de peinture.” Dans ses “errances” picturales, Mezahem se veut le témoin d'une époque en voie de disparition. “Je m'accroche à tout ce qui est vu. Un moment raté auquel je n'ai pas assisté. Prenons l'exemple de la vieille entrée kabyle (la porte). La chose n'existe plus aujourd'hui avec la déferlante du béton. Je suis rattaché à tout ce qui est ancestral, je suis très nostalgique du passé. On ne peut pas y rester indifférent.” Telle une abeille, il butine d'un peu de tout pour “monter” ses fresques. Il a à son actif plusieurs collections. Pour l'exposition organisée à Tizi Ouzou, il a choisi les paysages de la région comme “angle d'attaque”. “J'ai voulu montrer que nous avons un très beau pays. C'est également un combat pour sauvegarder la nature. Elle est en déperdition.” L'imagination fertile, l'artiste s'attaque à d'autres thèmes qu'il a eus à développer lors de son passage à El Mouggar, Riadh El Feth et Ibn Khaldoun, pour ne citer que ces expositions. En 1989, Mohamed Arezki a obtenu le grand prix de la ville d'Alger. Il a concouru avec une exposition abstraite. A. T.