Résume de la 4e partie n Amédée est inculpé du meurtre de Lady Margaret Samson. Il ne nie pas l?assassinat, mais il insiste sur le fait que la victime n?est autre que sa femme Léontine, il la reconnaîtrait parmi toute la population de la terre? Qui le croira ? Avec tous les ménagements possibles, le juge interroge le mari de la victime. «Dites-moi, sir Samson, votre femme était-elle blonde ou se faisait-elle décolorer ?» L'aristocrate anglais répond avec réticence à cette question qui lui paraît choquante et déplacée. Pourtant, il confirme : «Ma femme était brune. C'était elle qui avait choisi de se décolorer. Elle se trouvait plus jolie en blonde.» Le juge d'instruction, malgré tous ses efforts, ne découvre aucun élément décisif et c'est dans ces conditions que s'ouvre le procès, le 1er octobre 1913... Il passionne l'opinion, car l'énigme sur l'identité de la victime est sans précédent. Amédée Mallet a maintenu obstinément sa version : Léontine l'a quitté en 1899 pour s'enfuir avec un amant en Grande-Bretagne. Elle s?est décolorée et s'est procuré de faux papiers au nom de Margaret Mailer. Par la suite, elle a quitté son premier amant et a épousé, sous son faux nom, sir Samson. De son côté, Herbert Samson défend farouchement dans la presse la mémoire de sa femme, accusée d'abandon de foyer et de bigamie. Margaret était bien Anglaise. Et il met en avant un argument majeur : elle parIait anglais sans accent. Devant les assises de Paris, sir Samson répète cette affirmation. ? Margaret ne parlait pas anglais couramment, elle parIait anglais comme une Anglaise. Le défenseur d'Amédée Mallet l'interrompt : «Et le français ? Comment le parIait-elle ?» Sir Samson a l'air gêné : «Elle parlait... français... ? Comme une Française ? ? Oui. Comme une Française...» Mais la défense n'a pas terminé. L'avocat brandit un papier : «Léontine Mallet parlait anglais couramment. Elle a même enseigné cette langue, avant son mariage, dans un pensionnat religieux. Voici un certificat signé de la directrice. Léontine Mallet avait appris l'anglais à Londres où elle avait été servante pendant un an. Son mari l'ignorait.» Dans la salle, c'est la sensation. Le public est haletant... Tout cela ne touche pas le fond du problème : qu'il s'agisse de Margaret ou de Léontine, Amédée est tout aussi coupable. Mais le mystère de la victime passionne tout le monde. Est-ce qu'un coup de théâtre de dernière minute ne va pas se produire ? Est-ce que Léontine Mallet, si ce n'est pas elle qui a été tuée, ne va pas se présenter aux débats ? Rien de tel n'arrive. Avant de se retirer, les jurés se passent de main en main deux photos : celle de la brune Léontine et de la blonde Margaret. A première vue, elles ne se ressemblent pas. Mais en y regardant de plus près, il y a quelque chose de commun dans le dessin de la bouche et du nez. Jusqu'au bout, rien n'est concluant. Après une délibération interminable, le jury revient avec un verdict mesuré. Amédée Mallet est reconnu coupable, avec circonstances atténuantes. Il est condamné à dix ans de prison. Le public applaudit cette décision de clémence. Tout le monde avait pitié de ce personnage meurtri par la vie... Amédée Mallet est mort trois ans plus tard, dans sa prison, de tuberculose et sans doute aussi de chagrin. Quant à l'identité de la victime blonde des Champs-Elysées, elle n'a jamais été éclaircie. Officiellement, elle a été enterrée dans un cimetière londonien, sous le nom de Margaret Samson. Mais Léontine Mallet, elle, n'a pas été enterrée. jamais on ne l'a revue... Alors pourquoi Amédée se serait-il trompé ? N'avait-il pas, pour la reconnaître, le plus infaillible des moyens : son instinct de bête blessée ?