Interrogations n Pourquoi le processus de privatisation piétine-t-il toujours ? Qu?est-ce qui empêche les pouvoirs publics de le mener à terme ? Que faut-il faire pour attirer les repreneurs tant nationaux qu?étrangers ? A l?instar de toutes les opérations de privatisation lancées depuis 1995, celle concernant quelque 1 230 entreprises publiques trouve mille et une difficultés à être concrétisée sur le terrain. Une année après sa «mise en route» en effet, elle semble encore très loin des objectifs qui lui ont été assignés. 144 entreprises privatisées en un peu plus de 6 mois, c?est très peu. Contrairement à ce qui était attendu, les repreneurs n?ont pas été nombreux à manifester leur intérêt pour ces entreprises. Les raisons sont nombreuses. La principale est, sans doute, cette obligation faite aux repreneurs de «sauvegarder l?activité et l?emploi». Autrement dit, il leur est interdit de changer d?activité ou de procéder à des compressions d?effectifs. «C?est à n?y rien comprendre. On vous vend l?entreprise, mais on vous impose des choix qui peuvent vous ruiner. On ne procède pas à des compressions d?effectifs pour le plaisir de le faire. Cela s?impose dans bien des cas, les entreprises publiques étant connues pour leur sureffectif», affirme à ce propos le gérant d?une entreprise privée spécialisée dans le traitement du cuir. Et d?ajouter : «Il appartient aux repreneurs de décider de compresser ou de renforcer les effectifs, ils sont les mieux placés pour cela.» Autre condition qui semble dissuader les investisseurs de reprendre ces entités économiques : le paiement des dettes. Outre ce qu?il doit payer à l?Etat, le repreneur est tenu, en effet, d?éponger toutes les dettes de l?entreprise qu?il décide de reprendre. Et quand on sait qu?un grand nombre des entreprises proposées à la privatisation sont endettées, on comprend le peu d?engouement des investisseurs pour les reprendre. Aussi, les opérateurs économiques nationaux contestent l?évaluation établie par les pouvoirs publics du patrimoine de ces entreprises. Last but not least, l?absence d?avantages fiscaux et de facilités pour les repreneurs n?est certainement pas faite pour susciter l?intérêt des investisseurs et autres hommes d?affaires. D?aucuns suggèrent d?ailleurs que toute la politique du gouvernement sur ce chapitre soit revue de sorte à apporter du sang neuf au processus de privatisation et lui donner un nouveau souffle. Dans la même optique, on recommande la mise en place d?un environnement d?affaires «sain et séduisant» susceptible d?attirer même les investisseurs étrangers.