La communauté d'affaires d'origine algérienne doit s'intéresser directement aux privatisations. Le déplacement du ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement, M.Abdelhamid Temmar en France est l'occasion pour mieux convaincre les chefs d'entreprise et les milieux d'affaires européens de la détermination des pouvoirs publics algériens à mener à terme le projet de privatisation. Cette mission rentre en fait dans le cadre des actions programmées par le gouvernement pour accélérer ce processus. Un processus qui, en dépit de quelques opérations de privatisation opérées jusque-là, continue de préoccuper davantage les pouvoirs publics. M.Temmar a indiqué, mardi soir devant les entrepreneurs français, au siège du Medef, que cela est devenu aujourd'hui «une mécanique très normale», précisant que depuis environ 6 mois, 200 entreprises ont été privatisées. Il s'agit essentiellement de petites et moyennes entreprises. D'ailleurs, le ministre de la Petite et moyenne entreprise et de l'Artisanat, M.Mustapha Benbada, a affirmé, dernièrement que plusieurs entreprises sont parvenues à améliorer leurs performances grâce à la privatisation. A l'exemple de l'unité de production d'eaux minérales de Mouzaïa appartenant au groupe SIM, qui est parvenue 10 mois après sa privatisation à porter le nombre de ses effectifs de 245 à 276 travailleurs. Sa capacité de production est également passée à 65% contre 10% seulement, selon son propriétaire. «Il ne s'agit plus de discuter la faisabilité de la privatisation de telle ou telle entreprise retenue, mais de chercher la meilleure manière possible de le faire», a estimé M.Temmar. Selon lui, le problème est de le faire le mieux possible pour sauvegarder le tissu industriel et engranger les bénéfices, en matière d'emplois, de commerce extérieur et d'intégration de l'économie nationale. Parmi les repreneurs éventuels, M.Temmar a accordé une importance particulière à la communauté des entrepreneurs français d'origine algérienne. Pour lui, le premier pas que pourrait faire la communauté d'affaires d'origine algérienne serait de s'intéresser directement aux privatisations et de faire des offres concrètes. C'est dans ce sens que le ministre français délégué à la Promotion de l'égalité des chances, M.Azouz Begag, s'est exprimé en affirmant que les Algériens établis en France «souhaitent fortement contribuer au développement économique de l'Algérie qui est en train de devenir l'un des pays les plus puissants d'Afrique». «Nous voulons être les ambassadeurs de l'Algérie en France», a-t-il poursuivi, soulignant qu'il faut jouer ce rôle à fond car les défis économiques sont des défis majeurs. Pour sa part, la députée française au Parlement européen, Mme Tokia Saïfi, a estimé que «les entrepreneurs franco-algériens veulent investir en Algérie pour contribuer à son développement». Dans une déclaration à l'APS, Mme Saïfi, a souligné l'importance des réformes. «L'Algérie est le pays de nos parents et on a envie aujourd'hui de l'enrichir par nos expériences acquises en France», a-t-elle dit, notant que les chefs d'entreprise franco-algériens veulent contribuer à son développement. «Nous voulons créer des richesses des deux côtés de la Méditerranée», a-t-elle ajouté. Pour M.Temmar, l'intérêt du développement de ce partenariat est de préserver avant tout le tissu industriel. A cet égard, la privatisation reste, selon lui, la meilleure formule pour quelque 1230 entreprises. Rappelons que le projet de privatisation des 1200 entreprises publiques a été annoncé, l'année dernière, par le chef du gouvernement. Lors de la présentation du bilan de son gouvernement devant le Parlement, le 22 mai dernier, le chef de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia, a mentionné la réalisation de 117 opérations de cession totale d'actifs d'entreprises publiques. Parmi les entités privatisées, on dénombre 16 briqueteries, 6 unités d'eau minérale et 6 unités d'industrie agroalimentaire. M.Ouyahia a évoqué notamment la conclusion de 25 opérations de partenariat par cession partielle d'actifs d'entreprises publiques, dont 17 avec des partenaires étrangers. Par ailleurs, le lancement de ce processus a provoqué, faut-il le souligner, des désagréments au sein des fédérations syndicales de l'Ugta. Certaines sont allées jusqu'à entamer des actions virulentes à l'égard de l'action du gouvernement, notamment des grèves générales pour marquer le refus de la Centrale syndicale du projet de privatisation. En effet, les responsables syndicaux des secteurs du tourisme de l'agroalimentaire, du textile, des matériaux de construction étaient catégoriques: «Pas de bradage de leurs entreprises.» Mais, faut-il le souligner, cette position a été prise à chaud suite à l'annonce faite par M.Ouyahia, de laisser place à une réflexion commune par la signature du pacte économique et social entre le gouvernement et l'Ugta.