Ressemblances Dès l'annonce de l'agression d'Anna Lindh, le souvenir d'Olof Palme était dans tous les esprits. Souvent associés pour leur filiation d'idées et, désormais, de destins, ils ont été fauchés à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, alors qu'ils circulaient à pied dans le centre de Stockholm, sans escorte. Dans les deux cas, le meurtrier, seul à perpétrer son acte, est, selon les profils établis, un marginal habitué des tribunaux. Les similitudes entre les deux tragédies sont nombreuses, comme en témoigne la polémique sur l'action de la police dans les minutes et les heures suivant les agressions. L'enquête sur la mort d'Anna Lindh a d'ailleurs été confiée à Agneta Blidberg, procureur également responsable, depuis novembre 2000, de l'enquête sur le meurtre de Palme. «Les mêmes erreurs une nouvelle fois», «la police secrète ne remplit pas sa mission», «la police a diffusé des informations erronées», sont quelques-uns des titres de presse relevés dans les 48 heures qui ont suivi l?assassinat. Comme au soir du 28 février 1986, la police, sous le feu des critiques pour n'avoir pas su protéger les dirigeants, a mis plus de deux heures avant de lancer un avis de recherche. Le meurtre d'Olof Palme n'a jamais été résolu, en partie à cause des ratés des enquêteurs au début de l'enquête. Après le meurtre d'Anna Lindh, de nombreuses voix se sont, de nouveau, élevées pour dénoncer la lenteur des autorités dans une enquête qui n'en est, certes, qu'à ses balbutiements. L'ingérence de la presse populaire dans l'enquête, avec la publication de photos d'un «suspect», a ajouté à la polémique. Les tabloïds Aftonbladet et Expressen ont publié des extraits d'une séquence enregistrée par l'une des 60 caméras de vidéosurveillance de Nordiska Kompaniet, trois minutes avant l'agression d'Anna Lindh dans ce grand magasin de la capitale suédoise. En 1989, Christer Pettersson, un alcoolique et toxicomane de 50 ans, est condamné pour le meurtre du dirigeant social-démocrate, mais finalement acquitté en appel pour manque de preuves. Lisbet Palme reconnaît le meurtrier de son mari, mais son témoignage, ponctué de contradictions, est sérieusement mis en doute. Elle avait notamment eu accès au portrait-robot du tueur.