Des proches des familles n'arrêtent pas d'affluer vers le bâtiment endommagé par l'explosion afin de s'enquérir de la situation. La route est toujours barrée au niveau du rond-point de l'ex-siège de la gendarmerie. A 8 heures, la ville de Tizi Ouzou grouillait déjà de monde. Sans faire un tour à la cité Eucalyptus, rien n'indique que la ville de Tizi Ouzou a été secouée par un attentat spectaculaire. Les centaines de vendeurs à la sauvette du boulevard Lamali reprennent leur place. La rue principale (appelée communément la Grande Rue) est bondée de monde dès les premières heures de la journée. Des policiers régulent une circulation qui devient plus difficile à gérer compte tenu du flux de véhicules. Les Kabyles vivant dans les autres wilayas du pays ainsi que les émigrés choisissent cette période de l'année pour revenir au bercail. L'attentat de dimanche semble avoir deserté les esprits très vite. Les disquaires n'ont pas arrêté de diffuser les tubes de l'été dont la palme reste détenue par la star du genre, le jeune chanteur Mohamed Allaoua. Du côté du centre commercial Djurdjura, on s'affaire à réparer les vitres. Cet immeuble a été sérieusement ébranlé par le souffle de l'explosion. Tout comme le Bâtiment bleu.Devant le commissariat ciblé, juste trois policiers assurent la garde, contrairement à hier matin. Ils étaient des dizaines. Le policier nous laisse dépasser le périmètre de sécurité, mais il dit ne pas être habilité à nous laisser pénétrer dans les locaux de la police. Devant l'entrée du célébatorium, deux éléments de la police scientifique semblent peu prolixes. L'un d'eux précise qu'ils sont en train de reconstituer les faits. L'autre essaie de nous dissuader d'entrer à l'intérieur. «C'est une violation de la scène du crime. Un acte puni par les articles 42 et 43 du code pénal», indique l'un des deux policiers scientifiques. En face, le mur de la caserne est endommagé sur une longueur de plus de 70 mètres. Des ouvriers travaillent d'arrache-pied depuis hier matin. La majorité des détritus a été évacuée. Des camions de dépannage sont en train de transporter les dizaines de voitures endommagées. Rien que dans le parking du commissariat, on a dénombré quatorze voitures et un fourgon, tous sérieusement atteints par la bombe. Dehors, plus d'une dizaine de voitures de particuliers ont subi le même sort. Selon les citoyens rencontrés sur place, l'administration leur a promis une prise en charge totale des dégâts occasionnés. Même les véhicules qui ne bénéficient pas d'une assurance tous risques seront remboursés, indique-t-on. A 11 heures, la chef de daïra, qui était en congé, arrive à la cité Eucalyptus. Elle est assiégée par les citoyens qui la bombardent de doléances. Devant la pression, elle s'adresse à ses collaborateurs: «Laissez-les s'exprimer. Ils sont toujours sous le choc. Il faut être compréhensifs». Le ministre de la solidarité arrive un quart d'heure plus tard. A l'intérieur du bâtiment N°1 du bloc A, jouxtant le commissariat, quelques familles sont sur place. Elles sont arrivées ce matin après avoir passé la nuit à Boukhalfa (3 kilomètres de Tizi Ouzou). A l'intérieur de l'appartement n°1, le gérant de l'agence immobilière Trika et son associé sont sur place. Ils ont l'air pantois devant l'ampleur des désagréments générés par l'attentat. Ils estiment les frais de réparation à pas moins de 40 millions de centimes. Le mur de la chambre donnant sur la route a complètement disparu tandis que d'autres murs ont été fissurés. Sans omettre les portes et les fenêtres nécessitant une réfection totale. Contrairement aux habitants, l'agence immobilière n'a pas bénéficié de locaux provisoires. On croit toutefois savoir que les travaux ne prendront pas beaucoup de temps. En tout cas, au vu du rythme avec lequel les ouvriers avancent, tout porte à croire que les travaux ne dépasseront pas un mois. En plus du nombre important des ouvriers, de nombreux engins ont été mis en branle depuis les premières minutes ayant suivi l'attentat suicide. Dans un autre appartement, il n'y a que le père d'une famille de cinq membres. Le reste de la famille est à Boukhalfa depuis hier. Notre interlocuteur ne cache pas que la prise en charge des autorités a été parfaite: «Nous avons déménagé hier, en fin de journée. Des véhicules ont été mis à notre disposition et même des employés qui nous ont prêté main forte pour déplacer nos meubles.» Des proches des familles n'arrêtent pas d'atterrir au bâtiment afin de s'enquérir de la situation. Il s'agit particulièrement de parents habitant loin, n'ayant pas pu arriver hier. Certains n'ont su la nouvelle qu'en fin de journée au journal télévisé. Le siège de l'antenne de la Cacobat de Boumerdès, situé à côté du commissariat est également fermé depuis dimanche matin. Des agents d'hygiène ont été affectés à partir de Boumerdès pour nettoyer les dégâts occasionnés. Un agent nous a expliqué qu'en attendant que les travaux s'achèvent, les cotisants sont orientés vers le siège de Boumerdès.