Silence n La CIA a utilisé les aéroports européens pour l'atterrissage de plus de 300 avions, a affirmé, ce jeudi matin, un journal britannique ; Washington promet de répondre à toutes ces allégations. Après les attaques du 11 septembre 2001, la CIA aurait utilisé des aéroports européens pour convoyer des prisonniers islamistes dans des pays où ils encouraient la torture, tels que l'Egypte, la Jordanie, le Maroc ou la Syrie. Ces allégations ont été véhiculées par la presse européenne et américaine depuis plus de 9 mois. Des accusations sur l'existence de camps de détention secrets de la CIA en Europe de l'Est se sont ensuite ajoutées aux premières. Selon le quotidien britannique The Guardian, 26 avions ont été utilisés par la CIA en Europe. Outre ceux qui ont atterri en Europe de l?Est, 96 vols ont été enregistrés en Allemagne et 80 en Grande-Bretagne. Le gouvernement britannique a demandé, à cet effet, au nom des Européens, des explications aux Etats-Unis. «Les Européens ont écrit à la chef de la diplomatie américaine pour exprimer des inquiétudes à propos des allégations et demander une réponse adaptée au gouvernement des Etats-Unis», a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw, dont le pays préside l'UE jusqu'à la fin de l'année. Face à ces accusations, les Etats-Unis ont réagi en promettant, hier, mercredi, de donner une réponse opportune et directe à toutes ces déclarations. Après des semaines de silence officiel, l'Administration américaine avait, en effet, reconnu, pour la première fois, qu'elle devrait répondre aux interrogations légitimes du public européen sur les activités de la CIA dans ce continent. Ce changement d'attitude avait suivi une rencontre à Washington entre la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères. Le commissaire européen à la Justice, Franco Frattini, a indiqué, pour sa part, que les accusations de l'existence de prisons secrètes de la CIA sur le territoire d'Etats membres de l'UE n'auraient pas de conséquences s'il n'y avait pas de preuves. Soulignant que la Commission avait un devoir institutionnel et un devoir moral pour découvrir la vérité sur cette affaire. En cas de preuve de l'autorisation de ces prisons par des Etats membres ou des pays candidats à l'UE, «nous devrions déclarer une violation du traité», a-t-il ajouté. Frattini avait menacé, lundi dernier, les Etats membres de leur retirer leur droit de vote au Conseil européen s'il était prouvé qu'ils avaient autorisé une telle activité.