Résumé de la 3e partie La petite fille et son accompagnatrice embarquèrent. Somchaï surveille le décollage qui tarde à venir et lui cause un choc. Pâle, d'une voix blanche, le lieutenant profère quelques jurons. Que se passe-t-il donc ? La passerelle de l'avion est toujours en place, mais la porte est fermée et les réacteurs tournent. Aurait-on découvert quelque chose ? Mais non, c?est impossible. Mais si, tout est toujours possible ! Malheureusement les voitures rangées sur le parking et une haie de bougainvillées dissimulent au lieutenant ce qui se passe au pied de l?appareil. Enfin, le lieutenant pousse un soupir de soulagement. La passerelle vient de s'écarter de la carlingue. Un tracteur doit la tirer rapidement, et dans le sifflement de ses réacteurs, le Convair s'ébranle. Le lieutenant Somchai s'appuie quelques instants sur le capot de sa voiture, comme pour laisser à son c?ur le temps de reprendre un rythme normal, puis il ouvre la portière, tourne le bouton de sa radio, allume une cigarette et s'en va tranquillement. Sur le plateau vietnamien, à quinze minutes de la mer de Chine, c'est le soir même qu'on retrouve les débris et les cadavres de tous les passagers. Le cockpit, le fuselage et les moteurs sont éparpillés à des kilomètres de distance. Il faudra deux jours pour rassembler les corps déchiquetés. Pour le moment, les soldats vietnamiens établissent un cordon de sécurité autour de la région de l'accident et les premiers experts arrivent en hélicoptère. Le lieutenant Somchai, qui vient de dîner en ville, apprend la nouvelle par la radio de sa voiture. Il est inquiet. L'avion aurait dû exploser un quart d'heure plus tard. Alors il se serait trouvé au-dessus de la mer de Chine et l?on n'aurait rien retrouvé. Tout cela à cause de ce retard au décollage. Que s?est-il donc passé ? Vers dix heures du soir, le lieutenant sort ses clefs sur le palier du troisième étage de l'immeuble qu?il habite, devant la porte de son appartement, mais il fronce les sourcils. Il y a quelqu?un à l?intérieur. Un petit piétinement rapide. La porte s'ouvre et sa fillette se jette contre lui, ses bras autour des hanches. La belle Somwang, avec ses yeux immenses derrière ses lunettes, explique d'un air surexcité : «Quelle chance ! Quelle chance extraordinaire ! C'est un vrai miracle. Quand nous sommes entrées dans l'avion, loin de se calmer, la petite s?est mise à hurler. Le temps de poser le nécessaire de toilette et sa poupée dans le compartiment à bagages et elle est devenue toute raide. Elle est tombée dans l?allée centrale, les yeux révulsés, de la bave aux lèvres. J'étais complètement affolée, les hôtesses aussi. Nous ne savions plus quoi faire.» Le lieutenant Somchai regarde sa fille, les dents serrées, les yeux pleins de haine, il a compris : «Epilepsie ! dit-il. Elle a fait une crise d'épilepsie ! Ça lui est déjà arrivé une fois l'année dernière. ? Oui. C?est ce que le médecin de l?aéroport a diagnostiqué lorsque nous sommes descendues. Parce que tu comprends, enfin... vous comprenez, nous ne pouvions pas partir comme ça. Alors on était descendues. Ça nous a sauvé la vie. La maman de la petite a déjà téléphoné. Je l'ai rassurée. Au fait, je suis désolée, j?espère que ce n?est pas trop grave, mais j?ai oublié dans l?avion le nécessaire de toilette.» (à suivre...)