Résumé de la 9e partie n La médecine légale est appelée à la rescousse de la police et de la justice dans l?affaire Jeanne Weber. Mais les premiers résultats n?établissent pas, comme on s?y attendait, la culpabilité de Jeanne. Le 14 avril, les corps des jeunes Georgette, Suzanne, Germaine et Marcel Weber sont exhumés et conduits à la morgue de l?hôpital Saint-Antoine pour autopsie. C?est le corps de Georgette qui est le premier examiné. Le docteur Thoinot constate qu?il est bien conservé et qu?il peut donc fournir de bonnes indications pathologiques. L?autopsie va révéler, selon le médecin légiste, que le cou de l?enfant ne porte aucune marque de strangulation, infirmant ainsi le témoignage de la voisine ayant affirmé avoir remarqué des traces. Il n?y a même pas d?égratignure ! Quant aux muscles du cou, ils ne présentent aucune congestion, preuve d?une pression exercée sur eux ; les artères et le pharynx n?ont subi aucun dommage. Poursuivant l?observation des organes vitaux, le médecin ne signale aucune anomalie, à l?exception d?un petit foyer tuberculeux dans le poumon gauche. Conclusion : Georgette Weber est décédée de mort naturelle. Le corps de sa s?ur Suzanne est autopsié à son tour. L?attention est portée sur le cou qui, selon le médecin, ne porte pas, non plus, de trace de strangulation. Cependant, il va faire une remarque surprenante : il relève des marques de blessures faites dans les muscles gauches du sternum et de la clavicule, qui consistent en un petit point injecté de sang. «Le fait, écrit-il, que cette tache, placée du côté gauche n?était apparente sur aucun muscle du cou ni sur aucun autre membre examiné au cours de l?autopsie, permet de supposer qu?il ne s?agissait pas d?un effet de putréfaction, mais d?une blessure infligée avant le décès.» Thoinot ne s?interroge pas sur ce qui a causé cette blessure. L?important, pour lui, est que la fillette ne soit pas morte de strangulation. D?ailleurs, comme chez Georgette, il souligne qu?il n?y a aucune lésion au niveau de la trachée artère, du pharynx et du larynx ni d?hémorragie dans les poumons. C?est ensuite le tour de Germaine Weber. Son corps est encore mieux conservé que celui des précédentes. «La surface du cou, constate-t-il, est nette, elle ne porte aucune trace de violence. Les muscles, le pharynx et le larynx sont intacts. Il y a bien un petit épanchement dans un poumon, mais on peut considérer qu?il est sans importance et, qu?en tout état de cause, il ne peut avoir provoqué la mort.» La journée étant achevée, Thoinot remet au lendemain l?autopsie du jeune Marcel, le propre fils de Jeanne Weber. En attendant, il rédige un rapport sur les autopsies qu?il vient d?effectuer. Après avoir décrit les résultats auxquels il est parvenu, il fait une description des symptômes de la strangulation, tels que les mentionnent les ouvrages de médecine légale, notamment celui de Bouardel. «Pour pouvoir conclure à la strangulation des trois enfants, il aurait fallu que ces symptômes soient relevés chez eux. Or, ils ne s?y trouvent pas !» Il reconnaît que Suzanne porte la trace d?un épanchement sanguin dans le muscle du cou, mais il précise immédiatement qu?il n?est pas consécutif à un étranglement. Thoinot écrit encore qu?il n?a pas trouvé dans les corps de lésions provoquées par quelque maladie organique, à l?exception du foyer tuberculeux chez Georgette, mais il précise que ce genre de lésions manquent généralement dans les décès dus à des causes naturelles, comme la contraction de la glotte ou la diphtérie, dont les symptômes disparaissent peu après le décès. (à suivre...)