Griefs n C?est l?une des taches noires des banques aujourd?hui. Les crédits sont accordés à des hommes d?affaires douteux et à des entreprises suspectes. Les récents scandales ont mis le doigt sur «des carences dans la gestion des crédits» en menaçant même les avoirs de la banque. Il faut savoir qu?une banque s?interdit de donner des crédits si les montants dépassent les 25% de ses avoirs. En d?autres termes, chaque banque est tenue d?octroyer des crédits à condition que cela n?affecte pas sa trésorerie. Dans ses différentes enquêtes, la Banque d?Algérie a relevé qu?au niveau de certaines agences «le déséquilibre des ressources» est l?une des carences persistantes résultant d?une «mauvaise allocation des crédits». Selon des indiscrétions, les bénéficiaires de tranches de crédits ne se sont jamais présentés aux agences concernées. «Il arrive que certains dossiers soient incomplets et mal étudiés par les postulants», nous révèle un cadre bancaire ayant requis l?anonymat. D?autres se cachent sous des prête-noms avec des subterfuges qui dissimulent le capital de leurs entreprises, l?adresse et la nature de leurs activités. Le cas de Digimex illustre bien la capacité de fraude de cette entreprise qui a réussi à escroquer la BNA. L?entreprise en question développait des filiales fictives dans l?agroalimentaire et les matériaux de construction. En épluchant ses comptes, les services de l?inspection bancaire sont arrivés à la conclusion que «les différents crédits alimentaient d?autres comptes dans une banque privée étrangère» activant en Algérie. Les deux agences de Cherchell et de Koléa répétaient la même opération en «maquillant» les comptes. Un argent fou circulait entre les deux agences et une banque étrangère, dont les bénéficiaires ont réussi à mettre le pactole dans une banque parisienne. Ces infractions se déroulaient alors que les dossiers Ansej croupissaient depuis des mois dans les tiroirs de ces agences. «Les jeunes promoteurs sont découragés de voir leurs projets retardés au moment même où des gens douteux bénéficiaient de largesses de crédit», dénonce, furieux, un jeune entrepreneur de Blida. Le danger vient surtout de la dilapidation de l?argent de l?Etat sous forme de crédits à des actionnaires ou à des dirigeants d?entreprises. Une des directives de la Banque centrale mentionne qu?une banque «veille à ne consentir de crédit à un dirigeant ou actionnaire que dans la limite d?un montant égal ou inférieur à 6% des fonds propres». Autrement dit, aucun actionnaire d?entreprise n?a le droit d?emprunter au-delà du taux mentionné. Mais en faisant entorse à la règle, certains chefs d?entreprise bien couverts empruntent sans rembourser. Encore une fois, c?est le Trésor qui couvre ces déficits.