Résumé de la 12e partie n L?affaire Rosenberg est close, avec l?exécution des deux accusés, le mystère commence, avec cette lancinante question : les Rosenberg étaient-ils coupables ou non coupables ? Si pour les partisans du couple, leur innocence ne fait pas de doute, les historiens, eux, ont longtemps hésité à se prononcer, même si beaucoup, indignés par la partialité du système judiciaire de l?époque, avaient un préjugé favorable pour l?innocence du couple. Des ouvrages à la gloire des «deux martyrs» sont publiés, des pièces de théâtre sont montées et jouées, des révisions fictives du procès sont organisées pour innocenter, à tire posthume, les deux suppliciés? Et puis, au milieu des années 1970, des ouvrages commencent à soutenir l?hypothèse contraire : et si les Rosenberg étaient coupables ? L?un des premiers à apporter des arguments solides à cette hypothèse, est l?Américain Ronald Radosch, qui a pourtant été un fervent défenseur des Rosenberg. Dans un ouvrage écrit à la fin des années 1970 et réédité en 1997, The Rosenberg File, il conclut, après avoir minutieusement étudié les 200 000 pages du dossier, à la culpabilité du couple. Mais la révélation la plus importante est celle apportée par la CIA, la Centrale d?espionnage américaine, qui, en 1995, a dévoilé l?affaire Venona, du nom d?une opération de décryptage des messages radios soviétiques par les services du contre-espionnage américain. Parmi ces messages, plusieurs dizaines avaient été émis par un homme, appelé tantôt ??Libéral?? et tantôt ??Antenne?? et qu?on identifie comme étant Rosenberg. Un autre témoignage, du côté russe, cette fois-ci, a été apporté en 1999 par Aleksander Feklissov, ancien officier supérieur du KGB, la centrale d?espionnage soviétique, de 1939 à 1986, qui soutient avoir traité à New York, avec Julius Rosenberg, qu?il aurait rencontré des dizaines de fois. Ses mémoires, rédigées en collaboration avec Serguei Kostine, ont été publiées en français, sous le titre Confessions d?un agent soviétique et éditées aux Editions du Rocher Noir, à Monaco (1999). Feklissov considère même que le réseau dirigé par Julius Rosenberg était l?un des trois réseaux d?espionnage les plus efficaces des Soviétiques : les deux autres étant celui de Kim Philby, qui avait infiltré l?entourage de la Reine d?Angleterre et celui du docteur Klaus Fuchs, l?un des concepteurs de la bombe atomique américaine, démasqué peu avant les Rosenberg. Toujours selon Feklissov, Julius Rosenberg avait recruté sa belle-s?ur Ruth et son beau-frère David Gleenglass qui travaillait, à l?époque à la base de Los Alamos, dans le Nouveau Mexique où était justement fabriquée la bombe atomique. Il a eu aussi sous ses ordres d?autres personnes, techniciens et ingénieurs, dont Joël Barr et Alfred Sarant, qui lui avait livré plus de 6 000 pages de textes confidentiels. Ces deux agents, rapatriés en URSS devaient prendre en main des laboratoires militaires dans le pays. Dans un ouvrage documenté paru en 2003, Gérard Jaegler revient sur l?affaire. Pour lui, les Rosenberg étaient bien des espions à la solde des Russes et ils leur avaient transmis beaucoup d?informations à caractère confidentiel, mais il soutient qu?ils ne leur avaient pas révélé le secret de la bombe atomique pour la simple raison qu?ils n?y avaient pas accès. Pourquoi alors avaient-ils refusé de plaider coupables, ce qui leur aurait sauvé la vie ? Pour passer, écrit l?auteur, pour des martyrs de ce qu?ils appelaient le «fascisme américain»?