Ambiance n La fin de l?année 2005 aura été marquée par la maladie du président de la République qui a mis tout le monde sur le qui-vive. 26 novembre 2005, 21h 16. Un communiqué de la présidence de la République affirme ceci : «Suite à des troubles au niveau de l'appareil digestif, Son Excellence Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a subi ce samedi un contrôle médical à l'hôpital Aïn Naâdja à Alger. Sur indication des médecins qui l'ont examiné, le chef de l'Etat s'est déplacé ce jour à Paris pour subir un bilan médical plus approfondi. Les médecins de l'hôpital de Aïn Naâdja indiquent que la situation clinique du président n'est pas source d'inquiétude.» Bouteflika malade, c?est toute l?Algérie qui est alitée en cet hiver de fin d?année qui fait grelotter. Le président, infatigable dans ses périples et ses discours marathon malgré le poids de ses 68 ans, était si présent que sa brusque maladie a été perçue comme une source d?affolement. Pourquoi un transfert au Val-de-Grâce, cet hôpital militaire où tout est marqué du sceau du secret ? Pourquoi a-t-on verrouillé la communication ? Que s?est-il réellement passé alors que quelques jours auparavant, le président était à Tunis puis à Hassi Bahbah, en bonne santé avec quelques petits signes de lassitude, sans plus ? Là, la rumeur trouve sa place. Comme jamais auparavant. Les jours passent et l?info est cadenassée. Alors que les v?ux de prompt rétablissement se succèdent et que le gouvernement Ouyahia affirme que la santé du président ne doit susciter «aucun motif d?inquiétude», à Paris en revanche, c'est le black-out total. Semant la pagaille, une cacophonie s?ensuit. Les rumeurs fusent de partout. Bouteflika est donné pour mort car on a vu? repeindre les palissades d?El-Alia. Tantôt, on parle d?empoisonnement, tantôt d?une tumeur maligne et cela n'a pas été sans conséquences. Le peuple veut la vérité. Il attend son président. Celui qui lui a promis, après la réconciliation, un million de logements, un métro, une grande autoroute, du travail et des promesses à tenir avant 2009. Reviendra-t-il ? «Dans trois ou quatre jours», rassurait Mami, le seul à avoir vu le président à Paris. Cette fois, à quelques jours de la fin de l?année, le diagnostic de Mami était le bon. Bouteflika est apparu à la télévision. Youyous, klaxons, tintamarre explosent dans les quatre coins du pays. Affaibli dans son costume sur mesure de président, Bouteflika prononce, cette fois, non pas un discours mais un mot : «Merci !»