Cinéma n Une nuit, premier long-métrage réalisé par Niki Karimi nous entraîne dans un Téhéran sans espoir montrant l'errance d'une jeune fille dans une société iranienne résignée et fataliste. Tournée un hiver, la nuit, la quête de la jeune fille dans les rues de Téhéran jette pourtant un éclairage cru sur la société iranienne, sa désespérance, les difficiles relations hommes / femmes, la solitude et le mal être de la jeunesse, majoritaire en Iran. À 34 ans, après une carrière d'actrice commencée en 1989 et plus d'une vingtaine de films à son actif, Niki Karimi s'est lancée dans la réalisation pour exprimer sa vision du monde, du cinéma, un cinéma qu'elle veut «proche des gens, au quotidien sans tricher». Son prochain film traitera de la condition des femmes en Iran. L'héroïne de Une nuit, interprétée par Hanieh Tavassoli, fait trois rencontres, trois hommes différents incarnant des vies marquées par la trahison, la tristesse et la misère personnelle avec lesquels elle échange à peine quelques mots. Le premier, un homme d'affaires, heureux d'avoir rencontré une jolie fille, lui propose de passer la nuit avec lui, et même davantage si elle le veut : la diversité n'est pas pour lui déplaire, et puis la religion et l'Etat autorisent dans certains cas à avoir plusieurs femmes. Le second, un médecin, vit seul chez sa mère, sa compagne pendant 7 ans l'a quitté pour partir aux Etats-Unis faire ses études. Celui-ci lui offre un Nescafé, lui donne son numéro de téléphone en cas de besoin et la laisse devant un bistrot où elle cherche un ami. Enfin, le troisième, un intellectuel, graphiste, entretenait avec sa femme une relation qu'il jugeait entièrement égalitaire. Sa femme travaillait, lui ne refusait pas les tâches ménagères. Mais un jour, sa femme le quitte pour un ami et il la tue, sa révolte explosant sans aucun frein car il avait suivi en fait le désir de sa femme. Le film se passe presque entièrement dans les voitures des trois personnages qui ont fait monter la jeune fille à bord. La musique est presque inexistante, le film a une présence douce qui laisse place à la réflexion personnelle. Tout est évoqué, rien n'est asséné. On évoque le suicide d'un jeune homme et la difficulté pour les jeunes de se rencontrer dans une société résignée et craintive des autorités. Quand le jour se lève, la jeune fille est à l'extérieur de la ville, sa vie va reprendre, mais une question demeure à Téhéran : demain, l'obscurité, la nuit, ne menace-t-elle pas de recouvrer la vie de tous les jours ?