Résumé de la 7e partie n Le plan échafaudé par Lenny a tout l?air de fonctionner. Lilly a un coup de c?ur pour le bébé. Sept ans plus tard Assis au piano qu'Alvirah lui avait acheté pour son soixante-deuxième anniversaire, Willy Meehan s'appliquait à déchiffrer une partition de musique dans la méthode John-Thompson pour adultes débutants. Peut-être aurais-je moins de mal si je fredonnais les notes en même temps, pensa-t-il. «Dors, mon enfant, dors, et que la paix...», commença-t-il. Willy a vraiment une belle voix, se dit Alvirah en pénétrant dans la pièce. En cette longue nuit est un de mes airs favoris, se souvint-elle, regardant tendrement l'homme qu'elle avait épousé quarante ans plus tôt. De profil, avec sa masse de cheveux blancs, ses traits accusés, ses yeux bleus pétillants et son sourire chaleureux, Willy ressemblait de façon frappante à l'ancien parlementaire Tip O'Neill. Au regard aimant d'Alvirah, il était tout simplement magnifique dans le costume de ville bleu marine qu'il avait mis pour aller assister aux funérailles de Bessie Durkin Maher. Pour sa part, Alvirah avait dû renoncer à son tailleur bleu taille 42 pour une robe noire plus ample. Willy et elle étaient rentrés la veille de leur croisière dans les îles grecques, et les fastes gastronomiques du bord avaient porté un coup fatal à sa ligne. «Ses anges gardiens le Seigneur t'enverra», chanta Willy. C'est à nous que le Seigneur a envoyé ses anges, pensa Alvirah en se dirigeant vers la fenêtre pour admirer la vue extraordinaire sur Central Park. A peine un peu plus de deux ans auparavant, Alvirah, alors femme de ménage, et Willy, plombier de son état, vivaient à Jackson Heighs, à Queens, dans l'appartement en location qu'ils avaient toujours habité depuis le début de leur mariage. Ce soir-là, Alvirah tombait de fatigue après une journée particulièrement épuisante chez Mme O'Keefe, qui avait décrété une bonne fois pour toutes qu'elle n'en avait pas pour son argent si Alvirah ne déplaçait pas tous les meubles de toutes les pièces quand elle passait l'aspirateur. Néanmoins, comme chaque mercredi et samedi, Willy et elle avaient pris le temps de regarder à la télévision les résultats du loto. Ils avaient failli avoir une crise cardiaque en voyant leurs numéros, ceux qu'ils jouaient à chaque fois, sortir à la suite les uns des autres. Et ils s'étaient brusquement rendu compte qu'ils avaient gagné quarante millions de dollars, se rappela Alvirah, encore étonnée aujourd'hui d'avoir eu autant de chance. (à suivre...)