Témoignages n Certains payent entre 2 000 et 6 000 DA la séance pour se voir infliger des coups, subir des attouchements sexuels et autres sévices. «Nous avons fait le tour des raqis. Nous en avons vu de tous les genres : un receveur de bus, un mécanicien, un chômeur, un technicien de la santé, un cadre dans une société nationale et des imams. Pour certains, nous nous sommes déplacés tandis que d?autres viennent à domicile. Certains travaillent en solo et d?autres se mettent à plusieurs», a expliqué Nassima, victime ainsi que ses s?urs de certains charlatans se prétendant des raqis. Nous les avons rencontrées au ministère des Affaires religieuses où elles sont venues dénoncer les pratiques de ces faux «raqis». Tout a commencé lorsque la s?ur aînée de Nassima a eu des crises. «Les médecins n?ont décelé aucune anomalie physiologique, dit-elle. Ces crises inexplicables ayant duré une année, la roqya s?est imposée. Ma s?ur est une scientifique, donc pas très portée sur ces pratiques. Il nous a fallu du temps pour la convaincre.» Nassima et ses s?urs ont vu le pire. En quête de guérison, leur cas s?est aggravé. Conseillée par des personnes vantant les mérites de tel ou tel raqi, la famille n?a pas hésité à débourser des millions pour la guérir. «Au début, nous avons cru à des crises d?épilepsie. Ce n?était pas le cas. Nous l?avons emmenée partout et entre autres à Ouled Fayet, chez le cheikh M. que nous avons payé 6 000 DA. Il a roué ma s?ur de coups à l?aide d?un fil électrique. Il a affirmé qu?elle était possédée par un djinn. Sans parler des produits bon marché qu?il vendait prétendant qu?il s?agissait d?herbes médicinales, d?huile d?olive, de miel. Constatant que l?état de ma s?ur ne s?améliorait pas, nous avons changé de raqi. Nous l?avons emmenée chez un imam à Bouzaréah, un cadre dans une société nationale. Il prenait 500 DA la séance, nous l?avons consulté quatre fois. Par la suite, c?est lui qui venait chez nous. La première fois, lorsqu?il est arrivé, il a visité les lieux. C?est par la suite que nous nous sommes rendu compte que c?était pour se faire une idée de notre niveau de vie. Il fixait ses honoraires, selon le niveau social. Il a convaincu tous les membres de ma famille qu?ils souffraient du même mal. Nous sommes tous passés chez lui. Durant quatre ans, nous avons consulté la plupart des raqis. A Bab El-Oued, il y en avait un qui faisait une thérapie de groupe à 100 DA par personne, en 2001. Cheikh A., situé à la Pointe, donnait des coups. C?est aussi le cas de raqis à Staouéli, à Fort-de-l?eau (Bordj El-Kiffan), à la côte d?El-Kettar. Nous sommes même allés jusqu?à Batna.» Elle rappelle que les roqyas peuvent être dangereuses, c?est ainsi qu?à Aïn Bénian, un raqi a exercé une pression sur la carotide d?une jeune femme de 27 ans, il y a deux ou trois ans de cela. Elle a perdu connaissance. Le cerveau n?était plus irrigué. Le même incident s?est produit chez le raqi de Bab El-Oued où un enfant a, lui aussi, perdu connaissance, il y a un peu plus d?un an.