Résumé de la 12e partie n Alischar, en attendant sa bien-aimée, s?est endorrmi. Un bandit lui vola ses habits et, se faisant passer pour lui, enleva Zoumourroud. Lorsque Zoumourroud eut entendu ces paroles de son ravisseur, elle comprit toute l'horreur de sa situation et se mit à pleurer en se frappant le visage et en déplorant l'erreur qui l'avait livrée à ce bandit perpétrateur de violences, et bientôt à ses compagnons les quarante. Puis, voyant que la mauvaise destinée avait pris le dessus dans sa vie et qu'il n'y avait pas à lutter contre elle, elle se laissa emporter de nouveau par son ravisseur, sans opposer de résistance, et se contenta de soupirer : «Il n'y a de Dieu qu'Allah ! En lui je me réfugie ! Chacun porte sa destinée attachée à son cou et, quoi qu'il fasse, il ne peut s'en éloigner...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Mais lorsque fut la trois cent vingt-troisième nuit, elle dit : «? Chacun porte sa destinée attachée à son cou, et, quoi qu'il fasse, il ne peut s'en éloigner !» Le terrible Kourde Djiwân rechargea donc l'adolescente sur son dos et continua à courir jusqu'à une caverne, cachée dans les rochers, où la bande des quarante et son chef avaient élu domicile. Là une vieille, la mère justement du ravisseur de Zoumourroud, faisait le ménage des larrons et préparait leur nourriture. Ce fut donc elle qui, entendant le signal convenu, sortit à l'entrée de la caverne recevoir son fils et sa capture. Djiwân remit Zoumourroud à sa mère et lui dit : «Prends bien soin de cette gazelle jusqu'à mon retour, car je vais à la recherche de mes compagnons. Mais comme nous ne serons pas revenus avant demain à midi à cause de quelques exploits que nous avons à accomplir, je te charge de la bien nourrir.» Et il s?en alla. Alors la vieille s'approcha de Zoumourroud et lui porta à boire et lui dit : «Ma fille, quel bonheur pour toi ! Par Allah ! que tu es heureuse d'être jeune et désirable !» Zoumourroud ne put répondre et, s'enveloppant la tête de son voile, s'étendit par terre et resta ainsi jusqu'au matin. Or la nuit l'avait fait réfléchir ; et elle avait repris courage et s'était dit : «Quelle est donc cette indifférence condamnable vis-à-vis de moi-même dans un tel moment ! Me faudrait-il donc attendre sans bouger la venue de ces quarante bandits ? Non, par Allah ! je sauverai mon âme et je ne leur livrerai pas mon corps !» Et comme déjà c'était le matin, elle se leva et, s'approchant de la vieille, elle lui baisa la main et lui dit : «Cette nuit m'a bien reposée, ma bonne mère et je me sens ragaillardie et toute disposée à faire honneur à mes hôtes ! Que nous faut-il faire maintenant pour passer le temps jusqu'à leur arrivée ? Veux-tu, par exemple, venir avec moi au soleil et me laisser chercher les poux de la tête et te lisser les cheveux, ma bonne mère ?» La vieille répondit : «Par Allah ! ton idée est excellente, ma fille, car depuis le temps que je suis dans cette caverne, je n'ai pu me laver la tête et elle sert maintenant d'habitation à toutes les espèces de poux qui se logent dans les cheveux des hommes et les poils des animaux ; et, la nuit venue, ils sortent de ma tête et circulent en bande sur mon corps : il y en a des blancs et des noirs, de gros et de petits ; il y en a même, ma fille, qui ont une queue fort longue et qui se promènent à rebours ; d'autres ont une odeur plus fétide que les vieilles vesses ! Si donc tu arrives à me débarrasser de ces bêtes malfaisantes, ta vie avec moi sera fort heureuse !» Et elle sortit avec Zoumourroud hors de la caverne et s?accroupit au soleil en enlevant le mouchoir qu'elle avait sur la tête. Zoumourroud alors put voir qu'en effet il y avait là toutes les variétés de poux connues et les autres également. Sans perdre courage, elle se mit donc à les enlever d'abord par poignées, puis à peigner les cheveux à la racine avec plusieurs grosses épines ; et, quand il ne resta qu'une petite quantité normale de ces poux, elle se mit à les chercher avec des doigts agiles et nombreux et à les écraser entre deux ongles, comme à l'ordinaire. Cela fait, elle lui lissa les cheveux lentement, si lentement que la vieille se sentit délicieusement envahie par la tranquillité de sa propre peau nettoyée et finit par s'assoupir. (à suivre...)