Résumé de la 5e partie n Alischar est bien embarrassé, car malgré sa grande envie, il n?a pas d?argent pour acheter Zoumourroud. Celle-ci décide alors de lui parler. L'adolescente se tint droite, dans sa vive beauté, devant le jeune homme et lui dit : «O mon maître bien-aimé, ô jouvenceau dont brûlent mes entrailles, que ne proposes-tu le prix d'achat ? Et même que ne donnes-tu toi-même l'estimation qui te semble plus juste ! Je veux être ton esclave, à n'importe quel prix !» Alischar releva la tête, en la secouant avec tristesse, et dit : «La vente et l'achat ne sont jamais une obligation !» Zoumourroud s'écria : «Je vois, ô mon maître bien-aimé, que tu trouves trop élevé le prix de mille dinars. N'en offre donc que neuf cents, et je t'appartiens !» Il hocha la tête et ne dit mot. Elle reprit : «Achète-moi alors pour huit cents !» Il hocha la tête. Elle dit : «Pour sept cents !» Il hocha encore la tête. Elle se mit encore à diminuer jusqu'à lui dire : «Pour cent dinars seulement !» Alors il lui dit : «Eh bien ! ces cent dinars je ne les ai pas tout à fait au complet !» Elle se mit à rire et lui dit : «Combien t'en manque-t-il pour faire cette somme de cent dinars ? Car, si tu n'as pas le tout aujourd'hui, tu paieras le reste un autre jour.» Il répondit : «O ma maîtresse, sache enfin que je n?ai ni cent ni même un dinar ! Par Allah ! moi, je ne possède pas plus une pièce blanche qu?une pièce rouge, un dinar d?or qu?un drachme d?argent. Ainsi ne perds pas ton temps avec moi, et cherche un autre acheteur !» Lorsque Zoumourroud eut compris que le jeune homme n'avait aucune ressource, elle lui dit : «Conclus tout de même le marché : frappe-moi dans la main, enveloppe-moi de ton manteau et passe un de tes bras autour de ma taille : c'est, comme tu le sais, le signe de l'acceptation !» Alischar, alors, n'ayant plus de motif de refuser, se hâta de faire ce que lui ordonnait Zoumourroud ; et, au même instant, celle-ci tira de sa poche une bourse qu'elle lui remit, et lui dit : «Il y a là-dedans mille dinars ; il te faut en offrir neuf cents à mon maître, et garder les cent autres pour subvenir à nos besoins les plus pressants !» Et aussitôt Alischar compta au marchand les neuf cents dinars, et se hâta de prendre l'esclave par la main et de l'emmener chez lui. Lorsqu'on fut arrivé à la maison, Zoumourroud ne fut pas peu surprise de voir que le logis consistait en une misérable chambre n'ayant pour tous meubles qu'une méchante natte vieille et déchirée en plusieurs endroits. Elle se hâta de lui remettre encore mille dinars dans une seconde bourse et lui dit : «Cours vite au souk nous acheter tout ce qui est nécessaire en meubles et tapis, et tout ce qu'il faut pour manger et boire. Et choisis ce qu'il y a de meilleur au souk ! De plus rapporte-moi une grande pièce de soie de Damas, de la plus belle qualité, rouge grenat, et des bobines de fil d'or et des bobines de fil d'argent et des bobines de fil de soie de sept couleurs différentes. N'oublie pas non plus de m'acheter de grandes aiguilles et un dé en or pour mon doigt du milieu !» Et Alischar exécuta aussitôt ces ordres, et apporta à Zoumourroud tout cela. Alors elle étendit par terre les tapis, rangea les matelas et les divans, mit tout en ordre, et tendit la nappe, après avoir allumé les flambeaux. Tous deux s'assirent alors, et mangèrent et burent et furent contents. Après quoi, ils s'étendirent sur leur couche neuve. Et leur amour se consolida par des preuves indubitables, et se grava dans leur c?ur d'une façon inaltérable. (à suivre...)