Résumé de la 5e partie n Bien qu?il soit convaincu de la culpabilité de Marcel Berger, le commissaire Dupont piétine ; il tend alors un piège au suspect par le biais de Simon, qui partage sa cellule à la prison de la Santé. Tout le monde descend de voiture pour faire quelques centaines de mètres. Et soudain monte une odeur aigre, insupportable. Il y a là un champ de betteraves, une vaste excavation remplie d'un dépôt végétal nauséabond. Au-dessus de la fosse, une dizaine de wagonnets immobiles : ce sont eux qui déchargent la pulpe de betterave par tonnes entières après chaque récolte. Le commissaire Dupont regarde Marcel Berger avec une surprise redoublée : pour cacher un cadavre, on ne pouvait pas trouver mieux. Décidément, cet homme-là ne ressemble vraiment pas aux autres ! Après plusieurs heures, on parvient à dégager des restes informes englués dans la pulpe de betterave et aussi quelques morceaux d'étoffe rouge. Le médecin légiste constate que le crâne présente une fracture, vraisemblablement due à une balle, et que la dentition est bien celle de Raymonde Berger. Devant ce spectacle macabre, Marcel Berger reste semblable à lui-même. Il dit seulement : «Ce n'est pas elle !...» Si, c'est bien elle. C'est du moins ce dont parvient à le convaincre son avocat. Il a intérêt à plaider le crime passionnel ; avec son action pendant la guerre, il a toutes les chances de s'en tirer avec le minimum. Le procès de Marcel Berger s'ouvre le 10 octobre 1947, devant les assises de la Seine. A cette époque, effectivement, l'attitude des accusés pendant la Résistance, même si elle n'a aucun rapport avec les faits, est déterminante dans l'esprit des jurés. Or Marcel Berger est plus qu'un résistant, c'est un héros ! Mais il y a surtout la déposition de Maria Podgerska. Rarement on n'en a entendu d'aussi émouvante dans la grande salle du palais de justice de Paris. Elle évoque leurs tête-à-tête dans le grenier de son palais et leur idylle, soudaine, désespérée, au moment de l'insurrection, sous les balles et les bombes allemandes. Comment ne pas être impressionné par les accents vibrants de cette femme d'exception, héroïne elle aussi, et qui vient, de surcroît, d'un pays martyr ? Qui pense encore à la pauvre Raymonde Berger et à sa veste rouge bon marché, quand la comtesse de Varsovie termine, avec des sanglots dans la voix : «Je l'attendrai ! Même si cela doit durer vingt ans, je l'attendrai !» Marcel Berger n'a pas été condamné à vingt ans, mais seulement à douze. Lorsqu'il est sorti, au bout de neuf ans grâce à sa bonne conduite, il était déjà remarié avec Maria Podgerska, qu'il avait épousée en prison. lIs avaient quarante-six et quarante ans, un âge où l'on peut parfaitement refaire sa vie et être heureux. C'est certainement ce qui est arrivé et, si la conclusion peut paraître immorale, c'est tout simplement que l'amour se moque bien de la morale !