Cupidité n Le cuivre est une matière qui fait courir beaucoup de monde. Petits malfrats et réseaux spécialisés sectionnent des kilomètres de lignes électriques pour les revendre. Dans nos cités débarquaient, une fois par semaine, des 404 bâchées venues prendre livraison d?une marchandise précieuse. «Andek n?has ? (tu as du cuivre ?)», crie un jeune avec une intonation lasse trahissant le long chemin qu?il a parcouru pour atteindre cet eldorado parmi tant d?autres, dans cette wilaya d?Alger. Instantanément, les gamins arrêtent leur partie de football entamée sur le parking de la cité pour rejoindre chacun son domicile. A la vitesse de l?éclair, ils sont tous groupés autour de ce véhicule où l?on distribue de la monnaie pour quelques grammes de cuivre. Au bout d?une heure passée à peser le métal avec une balance qui sert à peser les pommes de terre le reste de la semaine, le véhicule repart avec une quantité non négligeable. Le cuivre fait courir. Ils courent aussi, les voleurs de câbles électriques avec leurs cisailles, après avoir sectionné ce qui servait à alimenter la même cité et bien d?autres à travers le territoire national. Meggarine, cette paisible localité située à 190 km de Ouargla, est l?exemple de ces villes victimes des voleurs de cuivre. En avril 2004, durant presque une semaine, les habitants devaient dîner et s?habiller dans l?obscurité comme à l?époque d?avant l?avènement de l?électricité. Cela parce qu?un groupe de malfaiteurs avaient décidé de couper des dizaines de mètres de câbles électriques à coups de cisaille pour les revendre ailleurs. Affaire de petits délinquants ? Pas seulement, puisque des réseaux se forment pour faire du cuivre un fonds de commerce qui rapporte. Durant le printemps 2005, les éléments de la gendarmerie nationale de Aïn M?lila ont saisi pas moins de dix conteneurs de déchets de cuivre qui venaient tout juste d?être chargés dans un parc situé dans la zone d?activité se trouvant à l?ouest de cette ville. Les 160 tonnes de déchets de cuivre devaient finir en Tunisie, selon les services de la Gendarmerie nationale après avoir transité par Annaba. Les conteneurs, appartenant à des transporteurs privés, avaient été loués à Annaba. Une enquête a été immédiatement ouverte par les services compétents pour connaître la provenance de la marchandise ; elle mènera en premier lieu à Constantine. L?«exportation» se porte visiblement bien. Les déchets de cuivre sont de diverses origines : câbles téléphoniques ou électriques. Ainsi, le cuivre est aussi l?affaire de réseaux spécialisés et bien organisés. Petits délinquants ou groupes organisés, pour ces gens, le bonheur est assurément dans le cuivre quand ce n?est pas la prison qui est au bout.