Nouveauté n Le phénomène de la violence qui épargnait, jusqu?ici, le secteur de l?éducation scolaire, commence à gagner nos écoles. Enseignants, éducateurs et même élèves s?accordent à dire que la situation commence à prendre des proportions alarmantes. Les lycées, du moins ceux de la capitale, sont touchés par la délinquance scolaire. Ils ne correspondent plus à l?image répandue d?îlots de tranquillité studieuse. «Hormis quelques établissements prestigieux à l?image du lycée Amara-Rachid de Ben Aknoun, la vie s?est durcie», souligne Mme Dalila R., enseignante d?histoire-géographie au lycée Emir-Abdelkader, à Alger. Violence verbale, extincteurs vidés et tapage dans les couloirs qui obligent les professeurs à interrompre sans arrêt les cours pour jouer aux gendarmes, sont devenus des scènes courantes dans les lycées algérois. «Au début de l?année, quelques élèves exclus défilaient dans les classes toute la journée. Dans les couloirs, les portes s?ouvrent violemment. Il arrive qu?un professeur fasse son cours, la main sur la poignée ou craque et se mette à courir derrière un élève. Il existe une minorité qui fait le caïd et constitue une véritable terreur pour les autres gamins», explique Omar B., professeur de mathématiques au lycée Emir-Abdelkader. Même constat dans les lycées de la banlieue algéroise. Selon un surveillant au lycée de Aïn Benian, certains élèves jouent aux petits chefs avec leurs camarades avec pour leitmotiv «tu es à mes ordres»? Rédha, en 2e AS, raconte : «Il y en a qui me fixent dans les yeux et m?ordonnent de baisser le regard, autrement cela peut dégénérer. C?est la loi du plus fort.» Un enseignant de langue arabe au lycée Emir-Abdelkader explique ce comportement par la dégradation des relations entre les adolescents et l?institution. «Les élèves sont de plus en plus jeunes. Depuis quelques années, de petits caïds sont apparus dans notre lycée. Ce lycée est devenu leur mythe et les ?racailles? leurs héros.» Ce phénomène fonctionne selon un effet d?influence de clan. «Si, par exemple, un élève y agresse son enseignant, il devient un exemple à suivre et les élèves des autres établissements disent alors ?il a osé !?. On fera de même chez nous ...», constate Farid, un élève de terminale dans le même lycée. Son ami explique : «Ils ne sont pas vraiment méchants, ils jouent un jeu d?apparence. Mais la panoplie du caïd va jusqu?au port d?un cran d?arrêt !» Une jeune élève ajoute : «Ils jouent les durs, mais en cela ils sont plus difficiles à cerner. Ce n?est pas évident de comprendre les règles selon lesquelles ils fonctionnent.» Mais ces élèves reconnaissent que ces «terreurs» ne sont pas vraiment nombreux. «Il n?y a que quelques individus qui f? la m?, mais sur un établissement de 1 000 élèves, cela ne veut rien dire.» «Il y a des tensions dans le lycée, mais les élèves sont rarement agressés», insiste la mère d?un élève. Entouré de quelques élèves, un surveillant tient à relativiser, lui aussi, la situation dans ce lycée : «Ce qui peut arriver ici peut arriver dans n?importe quel autre établissement.» Des psychologues dans les écoles n Selon des informations rapportées par la presse, 2 600 psychologues seront prochainement affectés dans les écoles. Ils auront pour mission d?essayer de comprendre le comportement des élèves et de trouver les moyens efficaces pour le changer. Une mission qui s?avère ,car les comportements de ces enfants ont souvent pour origine leur milieu social et familial.