Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, sort de sa réserve et prend part au débat sur la violence scolaire qui interpelle, aujourd'hui plus que jamais et sans distinction, l'opinion publique à travers l'ensemble de ses composantes. Ainsi, lors d'une émission de la Chaîne III diffusée jeudi dernier, il a reconnu sans ambages que «la violence scolaire prend une ampleur sans précédent». Son département, souligne-t-il, s'en «inquiète réellement». Toutefois, pour le ministre, «la violence n'est pas le produit de l'école» car «à l'école, on éduque et on apprend aux élèves les bons préceptes». Mais comme celle-ci, ajoute-t-il, «n'est pas un lieu clos» dans la société, «l'école subit dès lors ce phénomène sociétal qui gagne dans des proportions alarmantes tous les secteurs de la société». Le constat du ministre est, donc, sans appel : l'école est la première des victimes de la violence qui règne dans notre société, notamment depuis la décennie noire, d'autant plus que cette dernière, relève Benbouzid, a aggravé davantage cette crise aigue. «Cette violence, nous la constatons de plus de plus dans nos établissements : elle est le fait des élèves entre eux, d'enseignants vis-à-vis des élèves, des enseignants entre eux, de l'administration vis-à-vis des élèves», a-t-il expliqué, également, à ce sujet tout en signalant que c'est un phénomène qui n'est pas propre à l'Algérie dans la mesure où il est «de plus en plus répandu dans le monde». Cependant, Benbouzid, qui n'a pas hésité à faire remarquer que ce phénomène «commence à prendre de l'ampleur chez nous, ces derniers temps», a souligné aussi que le ministère de l'Education nationale et la société, dans son ensemble, «doivent s'en inquiéter». Surtout si l'on sait que cette violence scolaire «est aussi la proie malheureusement d'autres fléaux tels que le tabagisme, la drogue et même l'alcoolisme». Que faire, alors, devant une telle situation ? Le ministre de l'Education nationale ne s'est guère montré évasif sur cette question. «Si l'on veut s'attaquer au phénomène de la violence dans le milieu scolaire, il faut le faire, certes, à l'école, mais il faut le faire également à tous les autres niveaux, notamment à la maison», a-t-il soutenu. Au sujet de Marwa, l'élève morte dans un établissement scolaire à Annaba, le ministre a expliqué que, selon le dossier qui se trouve à son niveau, «il n'y avait pas de châtiment corporel contre cette fille», ajoutant que la justice s'est auto-saisie en ouvrant une enquête et n'a pas encore rendu ses conclusions. A ce propos, le premier responsable du secteur a affirmé que l'enseignante incriminée «n'a pas été la cause directe de la mort de la fille». La famille de Marwa, selon lui, avait sa part de responsabilité dans cette affaire, dans la mesure où, a-t-il expliqué, «c'est un enfant malade (épileptique) qui a été totalement délaissé par ses parents divorcés». «Elle est morte, malheureusement, à cause de son accident épileptique», a-t-il regretté. Néanmoins, en revenant sur la violence exercée par des enseignants, Boubekeur Benbouzid a rappelé que l'interdiction de la violence à l'école est basée sur des textes réglementaires. «Les dispositions réglementaires et législatives sont là pour sanctionner tout dépassement : les insultes, les châtiments corporels, les brimades les humiliations et ces textes peuvent aller jusqu'aux poursuites judiciaires.» Dans ce sillage, Benbouzid a annoncé que la législation sera encore être renforcée dans les jours à venir. D'un autre côté, dans l'optique d'une action pédagogique, le ministre a fait savoir que son département compte «organiser des séminaires, des conférences avec le concours de associations de parents d'élèves et du mouvement associatif, et introduire, dans les programmes, des leçons sur les droits de l'enfant et les droits de l'homme». Dans ce contexte, il a annoncé, pour cette année, l'obligation aux 24 000 établissements scolaires du pays d'avoir une organisation de parents d'élèves. «Cette organisation de parents d'élèves doit faire partie de l'organisation de l'établissement, de la famille éducative pour qu'elle soit cogestionnaire administrative et pédagogique et nous servir, par conséquent, à contrer cette violence», a-t-il précisé. Enfin, M. Benbouzid a regretté le manque de formation académique de l'encadrement. «65% des enseignants dans le primaire n'étaient pas titulaires du bac ; ils ont été recrutés dans des circonstances particulières», a-t-il indiqué, en précisant au passage que 13 000 parmi eux suivent actuellement des cours du soir, dans le cadre du programme de formation mis sur pied en leur faveur. D'ici 10 ans, 240 000 enseignants seront mis en formation, prévoit en dernier lieu, Boubekeur Benbouzid. A. S.