Paradoxe n Les «favelas» qui augmentent d?une façon incontrôlée, cohabitent avec les villas cossues éparpillées çà et là, érigées sur des centaines d?hectares détournés, durant les années noires, de leur vocation première. Ces milliers de gens qui vivent encore ici et qui n?ont pas où aller, ont vu, au fil des ans, un afflux impressionnant d?émigrés venus de Médéa, de Tablat et de plusieurs autres régions du centre du pays, forcés de fuir la «tronçonneuse» terroriste. Face à cet état de fait, les autorités locales disent ne pas être prêtes au grand «nettoyage» d?une région connue pour son? poids électoral. L'on a du mal à croire qu'il y a à peine 10 ans, ce quartier était encore un village dans tout le sens du terme. A Benghazi, à quelques encablures du centre-ville de Baraki, il existe des citoyens nichés dans leurs petites demeures, mais privés des rayons du soleil, car les immeubles qui poussent en hauteur frisant l'insolence, les empêchent de jouir de l'irradiation de l'astre. On nous explique qu?il n'y a pas de route convenable ni eau ni électricité. Les habitants s?approvisionnent aux sources. Un doyen du quartier essaye de se rappeler à quel moment son cher village a commencé à se métamorphoser. «Aujourd'hui, c'est une ville», lance-t-il avec une pointe de nostalgie. Une remarque bien à propos quand on regarde bien sa petite maison en terre battue, encadrée par une quincaillerie moderne et deux superbes villas à sa droite et à l?arrière. Et pour accéder à son chez- soi, on doit emprunter un chemin, contourner une rigole et traverser la gadoue. A l'intérieur du quartier, plusieurs pistes mènent à de véritables villas cossues. Le calme qui y règne, associé au luxe des différents portails, confère un petit air de quartier résidentiel. Le goudron n'est pas arrivé partout, mais le coin est assez bien desservi par les nombreuses camionnettes qui embarquent depuis le carrefour. C'est le mode de transport le plus utilisé sur la ligne, car peu de taxis acceptent d'entrer à l'intérieur. De plus en plus d'immeubles et de villas poussent le long de la route, et surtout à l?intérieur du quartier. La moindre parcelle de terrain est exploitée en hauteur. Aujourd'hui, Baraki est une vraie petite ville, qui n'a rien à envier aux autres villes qui ont poussé, l?espace d?une période, comme des champignons. Elle continue de se construire progressivement avec la poussée des résidences aussi belles les unes que les autres.