Expérience n Azzeddine, un jeune diplômé de l?Institut d?interprétariat d?Alger, est actuellement enseignant de langue française à Sid Ameur, dans la wilaya de M?sila. «Après avoir enduré les affres du chômage, j?ai opté pour l?enseignement. Chez-nous à Béjaïa, il est très difficile de décrocher un emploi dans le domaine des langues étrangères et l?académie exige, avant tout, le diplôme de l?Ecole normale supérieure ou au moins une licence en langue française», affirme ce jeune enseignant. Azzeddine a obtenu son diplôme d?interprétariat en 1998 et a frappé à toutes les portes pour un poste d?emploi répondant à son profil, en vain. «J?ai toujours souhaité exercer au sein d?une société étrangère en vue de mettre en application les connaissances que j?ai acquises à l?université et consolider mes aptitudes professionnelles. Cependant, les centaines de demandes formulées n?ont pas abouti et je suis resté au chômage durant quatre ans.» L?idée d?aller enseigner à M?sila lui a été suggérée par un jeune de la région qu?il a côtoyé à la caserne de Boussaâda lors des dix-huit mois du service national. Dès sa «libération de tout engagement», notre interlocuteur a déposé un dossier à l?académie de M?sila. «J'ai été recruté aisément et je viens d?entamer ma troisième année d?exercice. Les responsables locaux du secteur me demandent à chaque fois de convaincre mes amis diplômés pour me rejoindre car cette localité accuse un manque flagrant d?encadrement en langues étrangères.» Les élèves de cette région, selon notre interlocuteur, ont du mal à s?adapter au programme du secondaire car «on dirait qu?ils n?ont jamais étudié le français dans les paliers précédents». «La volonté affichée par mes élèves d'apprendre la langue française me stimule à déployer un surplus d?efforts et parfois je leur consacre même des heures supplémentaires. J?avoue également que je me trouve dans l?obligation de leur enseigner des choses qu?ils auraient dû apprendre au primaire, tout en insistant sur l?importance des langues vivantes aussi bien pour leur cursus d?études que plus tard sur le marché de l?emploi. J?ai observé qu?il y a, quand même, un feed-back de plus en plus important.» Le jeune enseignant jouit du respect de tout le monde à M?sila, ce qui constitue un indice sur le changement de la manière de perception des langues vivantes par les habitants. Et les avantages socioprofessionnels ? «Pour le moment, je ne peux pas parler d?avantages car, mis à part la prime dite de zone, j?attends toujours la satisfaction de ma demande de logement de fonction pour pouvoir ramener mon épouse et m?installer dans cette localité. Je ressens une responsabilité et un devoir moral envers ces jeunes ambitieux qui ont été longtemps frustrés de connaissances en langues étrangères et je compte même convaincre mes amis de venir y enseigner.»