Résumé de la 3e partie n Rivalisant de beauté, de charme et de talent, les six jeunes filles captivent et éblouissent leur maître. Ali el-Yamani finit enfin par se décider à parler et dit : «Louanges à Allah Le Distributeur des grâces et de la beauté, qui m'a donné en vous autres, les six, des femmes merveilleuses douées de toutes les perfections ! Eh bien, voici ! Je vous déclare que je vous préfère toutes également, et que je ne puis prendre sur ma conscience d'accorder à l'une d'entre vous la préexcellence. Venez donc, mes agneaux, m'embrasser toutes à la fois !» A ces paroles de leur maître, les six adolescentes se précipitèrent dans ses bras,et le caressèrent mille fois, et lui également, pendant une heure de temps. Après quoi, il les fit se ranger en cercle devant lui et leur dit : «Je n'ai point voulu moi-même commettre l'injustice de fixer spécialement mon choix sur l'une de vous en lui accordant la préférence sur ses compagnes. Mais ce que je n'ai point fait, vous pouvez le faire vous-mêmes. Toutes, en effet, vous êtes également versées dans la lecture du Coran et dans les belles-lettres ; vous avez lu les annales des anciens et l'histoire de nos pères musulmans ; vous êtes enfin douées d'éloquence et d'une diction merveilleuse. Je veux donc que chacune de vous se donne les louanges qu'elle croit mériter, qu'elle fasse remarquer ses avantages et ses qualités et qu'elle rabaisse les charmes de sa rivale. Ainsi, que la lutte s'engage, par exemple, entre deux rivales de couleurs ou de formes différentes, entre la blanche et la noire, la maigre et la grasse, la blonde et la brune ; mais dans cette lutte, vous ne devez pas vous battre autrement qu'avec les belles paroles, les belles maximes, les citations des sages et des savants, l?autorité des poètes et l?appui du Coran?» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Mais lorsque fut la trois cent trente-quatrième nuit, elle dit : «...L'autorité des poètes et l'appui du Coran !» Et les six adolescentes répondirent par l'ouïe et l'obéissance, et se disposèrent à la lutte charmante. La première qui se leva fut la blanche esclave Visage-de-Lune, qui fit signe à la noire Prunelle-de-l'?il de venir se tenir vis-à-vis d'elle. Et aussitôt elle dit : «O noire, il est rapporté dans les livres des savants que la blancheur parla ainsi : je suis une lumière éclatante ! Je suis une lune qui se lève à l'horizon ! Ma couleur est claire et évidente ! Mon front brille de l'éclat de l'argent. Et ma beauté a inspiré le poète qui a dit : ?Blanche, aux joues lisses et douces et polies, elle est une perle de beauté soigneusement gardée. ?Elle est droite comme la lettre aleph ; la lettre mim, c'est sa bouche ; ses sourcils sont deux noun renversés et ses regards sont des flèches lancées par l'arc redoutable de ses sourcils. Mais si tu veux savoir ses joues et sa taille, je te dirai ses joues des feuilles de rose, des fleurs de myrte et des narcisses. Sa taille, un tendre rameau flexible qui, gracieux, se balance dans le jardin et pour lequel on donnerait le jardin entier et ses parterres !?» «Mais, ô noire, je continue ! Ma couleur est la couleur du jour. Elle est aussi la couleur de la fleur d'oranger et de l'étoile perlée du matin. «Sache qu'Allah Le Très-Haut, dans le Livre vénéré, dit à Moussa (sur lui la prière et la paix !) qui avait la main couverte de lèpre : ?Fais entrer ta main dans ta poche ; et quand tu l'en retireras tu la trouveras blanche, c'est-à-dire pure et intacte !?» (à suivre...)