Résumé de la 1re partie n Ali El-Yamani, séduit par la beauté et l?érudition des belles jeunes filles, n?arrive pas à choisir. En entendant ces vers, le maître de la mince et svelte Houria-du-Paradis fut ému de plaisir et, après avoir mouillé ses lèvres à la coupe, il l'offrit à l'adolescente qui la but. Après quoi, il la remplit de nouveau et, la tenant à la main, il se tourna vers l'esclave blonde et lui dit... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Mais lorsque fut la trois cent trente-troisième nuit, elle dit : ... Il se tourna vers l'esclave blonde et lui dit : «O Soleil-du-Jour, ô corps d'ambre et d'or, veux-tu, sur un délicat mot d'amour, nous broder quelques vers encore ?» Et la blonde adolescente inclina sa tête d'or sur l'instrument sonore, ferma à demi ses yeux clairs comme l'aurore, préluda par quelques mélodieux accords qui firent vibrer sans effort les âmes et les corps, au-dedans comme au-dehors et, après avoir incité les transports par un début pas trop fort, elle donna à sa voix, trésor des trésors, le plein de son essor, et chanta pour lors : «L'ami que j'ai, lorsque devant lui je parais, « Il me contemple et darde sur mon c?ur «Le glaive tranchant de ses regards. «Je dis à mon pauvre c?ur transpercé : ?Pourquoi ne veux-tu pas guérir de tes blessures ? Pourquoi ne te tiens-tu pas sur tes gardes envers lui ?? «Mais mon c?ur ne me répond pas, et toujours cède au penchant qui l'entraîne sous ses pas !» En entendant ces vers, le maître de la blonde esclave Soleil-du-Jour fut ému de plaisir et, après avoir mouillé ses lèvres à la coupe, il l'offrit à l'adolescente qui la but. Après quoi, il remplit de nouveau et, la tenant à la main, il se tourna vers l'esclave noire et lui dit : «O Prunelle-de-l'?il, ô noire à la surface et si blanche au-dedans, toi dont le corps porte la couleur de deuil et dont le visage de bon accueil cause le bonheur de notre seuil, cueille-nous quelques vers qui soient des merveilles aussi vermeilles que le soleil ! » Alors, la noire Prunelle-de-l'?il prit le luth et y joua des variantes de vingt manières différentes. Après quoi, elle reprit le premier air et chanta ce chant qu'elle chantait d'ordinaire et qu'elle avait composé sur le mode impair : «Mes yeux, laissez couler abondamment vos larmes. «Sur le meurtre de mon c?ur par le feu de mon amour. «Tout ce feu dont je brûle, toute cette passion qui me consume, «Je les dois à l'ami cruel qui me fait languir, «Au cruel qui fait la joie de mes rivales. «Mes censeurs me blâment et m'encouragent à renoncer aux roses de ses joues en fleur ! « Mais que faire d'un c?ur sensible aux fleurs et aux roses ?... «Maintenant, voici la coupe de vin qui circule là-bas «Et les sons de la guitare invitent au plaisir nos âmes et nos corps à la volupté... «Moi, je n'aime que son haleine ! «Mes joues, hélas ! sont flétries par les feux de mes désirs. Mais que m'importe ! Les roses du Paradis ? ses joues ? les voici ! «Que m'importe, puisque je l'adore ! Si toutefois, mon crime n?est pas trop grand d'aimer la créature !» En entendant ces vers, le maître de Prunelle-de-l'?il fut ému de plaisir et, après avoir mouillé ses lèvres à la coupe, il l'offrit à l'adolescente qui la but. Après quoi, toutes les six se levèrent à la fois et embrassèrent la terre entre les mains de leur maître et le prièrent de leur faire connaître celle dont il avait été le plus charmé et dont les vers et la voix étaient les plus plaisants. Et Ali El-Yamani fut à la limite de la perplexité et se mit à longtemps les regarder et à admirer leurs charmes et leurs mérites avec des regards indécis et il trouvait, en son âme, que leurs formes et leurs couleurs étaient également admirables. (à suivre...)