Pression n La Côte d?Ivoire se qualifie pour les demi-finales au terme d?une séance de tirs au but d?anthologie. Les deux équipes n?étaient pas parvenues à se départager au cours du match. La tension était palpable des deux côtés, davantage côté encadrement, pas seulement technique. Les joueurs des deux camps étaient en pleine concentration, regard absent, dans une sorte de bulle. Les yeux, perdus dans une sorte de brume, ne se croisaient pas, ils avançaient les uns et les autres comme des automates. Ils étaient dans leur partie où il y aurait nécessairement un vainqueur et un vaincu. La pression avait été terrible. Les Camerounais sont venus pour gagner la CAN ; les Ivoiriens avec la même ambition mais aussi pour battre les Camerounais afin de rétablir, dans leur orgueil, un peu de l?amertume laissée par le double succès des Lions à Yaoundé et plus encore à Abidjan lors de la phase éliminatoire. La première grosse alerte était signalée côté camerounais : une petite faute de main de Souleymanou qui, en d?autres circonstances, lui aurait valu la correctionnelle devant un Didier Drogba, un peu surpris, qui envoyait son tir légèrement sur la gauche du but, mais de toute façon trop haut. La deuxième encore sur le but camerounais avec un Arouna Koné, bien servi par son capitaine, qui s?emmêlait un peu les pieds. Imperceptiblement les Eléphants prenaient un très léger ascendant sur les Camerounais. Le Lion était un peu assoupi à l?image de Samuel Eto?o, bien évidemment très encadré. Achille Webo, blessé à la cuisse, était obligé de sortir ; il était remplacé par Albert Meyong Zé. Pour sûr, on n?était pas sur le terrain pour se distribuer les cadeaux de fin de CAN. Eto?o tardait à se montrer. Il surgissait, bondissait comme un lion affamé sur sa proie à la trente-neuvième minute. De son corps Jean-Jacques Tizié faisait un obstacle hermétique. Le match était passionnant par son incertitude plus que par sa chorégraphie. 0-0 à la mi-temps, photographie parfaite du face-à-face. Qui du Lion ou de l?Eléphant serait le taureau de l?arène ? Bien malin celui qui pouvait le dire au retour des vestiaires. A l?heure de jeu, on s?interrogeait dans les tribunes : à l?allure où l?on va, on aura peut-être encore droit à des prolongations, qui sait des tirs au but comme lors du quart de finale précédent entre Nigérians et Tunisiens. Sur le terrain, on se bousculait, on ne ménageait pas l?autre ; un combat âpre sans pitié, sans complaisance, mais sans méchanceté. Le chronomètre égrenait les minutes. A un quart d?heure de la fin, il y avait du K.-O. dans l?air. A la quatre-vingt-huitième minute une frappe monumentale de Timohée Atouba obligeait Tizié à une belle détente pour détourner du bout des doigts au-dessus de sa transversale. En retombant, il se prenait le poteau en plein visage?heureusement sans conséquence. Dur métier que celui de gardien. Mais toujours 0-0.