Scandale n Le ministre américain de la Justice va devoir rendre compte aujourd?hui, des écoutes extrajudiciaires menées aux Etats-Unis après le 11 septembre 2001. Alors que depuis un mois et demi l'administration Bush a lancé une offensive tous azimuts pour contrer l'émotion suscitée par la révélation de ces écoutes par le New York Times, c'est la première fois que les sénateurs pourront interroger un responsable du gouvernement, lors d'une audition très médiatisée de la commission des affaires judiciaires du Sénat. La gauche maintient une pression très forte sur cette affaire qui inquiète les défenseurs des libertés civiles : l'organisation MoveOn.org a commencé à diffuser un clip comparant George W. Bush à Richard Nixon, le président poussé à démissionner en 1974 par une affaire d'écoutes politiques. Le Washington Post a, en outre, publié, dimanche, une longue enquête où il affirme que les conversations et e-mails de 5 000 Américains ont, sans doute, été décortiqués dans ce cadre, alors que seulement dix personnes ont au final été jugées assez suspectes pour que des investigations plus poussées soient ordonnées. L'embarras est d'autant plus grand que le doute s'est également emparé d'une partie de la majorité qui, sans remettre en cause la nécessité des écoutes, critique la méthode. Il y a trois semaines, le président de la commission qui interrogera M. Gonzales, Arlen Specter, n'avait pas hésité à soutenir que si le Congrès arrive à la conclusion que George Bush a violé la loi, «l'impeachment (procédure de destitution, ndlr) est un remède». «J'ai été très sceptique, car c'est une violation nette de la loi sur le renseignement étranger (Fisa)» de 1978 qui exige un mandat judiciaire délivré par une cour spéciale, a-t-il déclaré dimanche sur la chaîne CBS. «Je ne connais aucun fondement juridique qui permette de contourner la justice pour ordonner des écoutes», avait déclaré en décembre un autre républicain de la commission, Lindsey Graham. Côté démocrate, les questions promettent d'être plus agressives encore. Le numéro deux de la commission, Patrick Leahy, a déjà déposé une proposition de résolution affirmant l'illégalité des écoutes. Edward Kennedy a prévenu vendredi qu'il attendait «de vraies réponses», tandis que Russell Feingold a accusé le président de se comporter comme «un roi».