Le président américain George W. Bush est arrivé jeudi au Brésil précédé par des manifestations contre sa venue alors qu'il venait précisément en Amérique latine contrer un fort sentiment antilibéral et antiaméricain attisé par le président vénézuélien Hugo Chavez. L'avion de M. Bush s'est posé à Sao Paulo autour de 20H00 locales (23H00 GMT). Avant son arrivée, quelque 200 membres d'une organisation brésilienne d'extrême gauche ont mitraillé pendant quelques minutes la façade du consulat des Etats-Unis de pierres, de projectiles en métal et en bois et de pots de peinture rouge, pour protester contre sa venue, selon la radio CBN. La marche des femmes à l'occasion de la journée internationale qui leur était dédiée s'est, elle aussi, transformée en manifestation anti-Bush, rassemblant selon les organisateurs plus de 30.000 personnes. La Maison Blanche a tenté de minimiser la protestation: "Le président se réjouit de pouvoir se rendre dans des pays où la démocratie prospère et où la liberté de parole et d'expression est la loi", a dit un porte-parole de la Maison Blanche, Gordon Johndroe. Affrontements lors d'une manifestation anti-Bush le 7 mars 2007 à Sao Paulo. Evaristo SaLes mouvements de gauche brésiliens, notamment le Parti des Travailleurs (PT) au pouvoir et le Mouvement des Sans Terre, ont promis de défier l'imposant dispositif de sécurité et comptaient rassembler 50.000 personnes vendredi, quand M. Bush rencontrerait son homologue Luiz Inacio Lula da Silva. Des échauffourées se sont produites mercredi à Bogota quand plusieurs dizaines de lycéens et d'étudiants ont manifesté contre la venue de M. Bush prévue dimanche. MM. Bush et Lula devaient présider vendredi à la signature d'un partenariat pour promouvoir la production et la consommation d'éthanol. M. Bush devait aussi évoquer au Brésil les négociations internationales dites du cycle de Doha pour supprimer les barrières douanières. Le Brésil en est un acteur de premier plan. Mais, au-delà de ces discussions, la visite de M. Bush vise à contrecarrer un mouvement vers une gauche alternative qui s'est renforcée au cours des derniers mois en Amérique latine, et à empêcher M. Chavez d'étendre encore une influence inquiétante pour les Etats-Unis. M. Bush pourrait être confronté à la vigueur de ce mouvement vendredi soir quand il arrivera à Montevideo et que M. Chavez, qui décrit M. Bush comme "le diable" en personne, sera de l'autre côté du Rio de la Plata à Buenos Aires parmi les manifestants protestant contre son séjour en Amérique latine. Un des conseillers de M. Bush, Steve Hadley, assure que ce voyage n'est "vraiment pas" une tournée anti-Chavez. Mais la Maison Blanche ne nie pas que la politique des Etats-Unis est largement perçue en Amérique latine (à tort dit-elle) comme se résumant à la conclusion d'accords de libre-échange et à la lutte contre le trafic de drogue, et qu'après le 11-Septembre la "guerre contre le terrorisme" a paru reléguer les questions sud-américaines au second plan. L'opposition à la guerre en Irak est également forte en Amérique latine. M. Bush est vendredi au Brésil, samedi en Uruguay, dimanche en Colombie, lundi au Guatemala, mardi et mercredi au Mexique, avant son retour à Washington. "C'est un long voyage, et la raison en est que je veux rappeler aux gens à côté de chez nous que l'Amérique se soucie d'eux. Et j'apporte un message d'espoir, un message qui dit: nous nous soucions de la condition humaine et un message disant que nous avons travaillé", a dit M. Bush avant son départ. M. Bush lui-même a admis que la politique de libre-échange qu'il préconise pouvait avoir suscité des frustrations et que le niveau de pauvreté subsistant en Amérique latine relevait du "scandale". Mais il a tenu au cours des derniers jours un discours de "justice sociale", parlant même de la nécessité d'achever la "révolution" commencée par l'une des grandes figures historiques d'Amérique du sud, Simon Bolivar, une figure aussi invoquée avec respect par M. Chavez.