Désignation n La justice américaine est en train de sélectionner un juré et la bataille promet d?être serrée entre la défense et la partie civile. Le procès de Zacarias Moussaoui s?annonce chaud. Le gouvernement américain veut mettre la pression sur ce «suspect potentiel» en examinant de plus près les dossiers de sélection de 500 personnes susceptibles d?être retenues. Ainsi, le questionnaire soumis, hier, à ces derniers en vue de leur sélection pour le procès du Français Zacarias Moussaoui à Alexandria, près de Washington, ne laisse rien au hasard, avec des questions permettant même de détecter les éventuels menteurs. Aucun détail n'est oublié, y compris le fait d'être «passé en voiture à côté du Pentagone», l'une des cibles des attentats du 11 septembre, d'avoir «donné du sang» aux victimes, ou encore «déployé un drapeau américain» après les attentats. «Les deux parties veulent connaître l'impact de cette journée-là sur les sentiments des jurés», explique l'expert en sélection de jury Jeffrey Frederick. Beaucoup de questions sont directement liées aux débats qui opposeront défense et accusation, note l'expert. Le questionnaire n?épargne finalement aucun aspect et permettra de détecter d?éventuels mensonges des jurés. Il examine à la loupe leur vie personnelle et leurs affiliations à des organisations. Mais ce qui préoccupe davantage les parties c?est l'avis des jurés potentiels sur l'efficacité du FBI dans les enquêtes sur le 11 septembre. La défense veut prouver que le gouvernement en savait plus que Moussaoui sur le 11 septembre, se fondant notamment sur les rapports dénonçant l'absence de rapidité du FBI à analyser une menace dont il était déjà largement alerté. L'accusation veut au contraire démontrer qu'en mentant, Moussaoui a rendu possible les attentats et la mort de plus de 3 000 personnes. Les opinions sur l'islam, le monde arabe, la peine de mort et Al-Qaîda sont également sondées. «Ce que l'on recherche, c'est une cohérence entre les expériences personnelles et les opinions», souligne M. Frederick. «Certains pourraient avoir un objectif précis et tenter d'être sélectionnés», dit-il, en estimant que cette probabilité est plus élevée pour ceux qui seraient opposés à Moussaoui. D'autres «sont persuadés d'être neutres alors qu'ils ont des préjugés».