Le présumé complice dans les attentats du 11 septembre 2001 a été expulsé dès l'ouverture de son procès, lundi, devant le tribunal américain chargé de déterminer sa peine pour son rôle dans les attaques à l'avion des deux tours new-yorkaises, après avoir crié “Je suis Al Qaïda” et avoir qualifié de cirque son procès. Le jugement de Zacarias se déroulera sans lui et le tribunal fera défiler à la barre de l'accusation des victimes et parents de victimes des attentats pour mettre la pression sur les 12 jurés qui seront choisis sur une liste de 500 personnes en train de subir un examen dont le questionnaire est éloquent quant au profil recherché pour condamner Zacarias, soit à perpétuité, soit à la peine de mort. Les candidats doivent répondre à des questions du genre : éprouvez-vous des sentiments négatifs à l'égard des musulmans, des Arabes, le terrorisme, les craintes qu'il inspire, les liens avec le 11-Septembre, Al Qaïda, l'Irak, le patriotisme version américaine…? Washington tient à réussir son premier procès en lien direct avec les attentats contre le World Trade Center qui ont tué quelque 3 000 personnes et traumatisé l'Amérique dont Bush se dit depuis en guerre contre le terrorisme. Le président américain au plus bas dans les sondages compte sur le procès de Zacarias pour voir remonter sa cote de popularité. Le sort du Français Zacarias Moussaoui, seul prévenu à ce jour dans ces attentats, est fixé. Interpellé pour un visa périmé, le 16 août 2001 dans le Minnesota alors qu'il prenait des cours de pilotage, donc avant les attaques contre le twin towers, il devait admettre 22 avril 2005, après 4 années d'isolement, sa complicité avec les kamikazes qui se sont crashes sur les tours new-yorkaises. Avec cet aveu, que sa défense avait tenté par tous les moyens de combattre, le tribunal n'aura à choisir qu'entre sa réclusion à perpétuité ou la chaise électrique. Le procès sera très médiatisé, des milliers de témoins et experts défileront dans le tribunal d'Alexandria, transformé en forteresse. L'accusation a ouvert le bal lundi en affirmant que le condamné mérite la peine de mort, car il savait et a menti pour permettre à “ses frères d'Al Qaïda” de poursuivre l'opération. Elle l'a, d'ores et déjà, réduit à un “fondamentaliste ouvertement hostile aux juifs et aux Etats-Unis”. Ses avocats, à qui Zacarias refuse de parler depuis des mois, l'ignorent. Ils ont annoncé qu'ils tenteront de prouver que le gouvernement en savait plus sur les attentats du 11 septembre que lui et essayeront de prouver que leur client est atteint de schizophrénie, une circonstance atténuante qui pourra lui épargner la mort. Le procès restera cependant incomplet avec l'absence du Pakistano-Koweïtien Khaled Cheikh Mohammed, numéro trois d'Al Qaïda, cerveau présumé des attentats, et du Yéménite Ramzi-Bin-Al-Shaiba, planificateur supposé des attaques. Capturés en 2002 et 2003, ils restent détenus au secret par les Etats-Unis. Si Zacarias a admis sa culpabilité, de nombreuses zones d'ombre demeurent sur son rôle dans les attentats. Arrivé aux Etats-Unis le 23 février 2001, Zacarias a, comme plusieurs des kamikazes des attentats du 11 septembre, pris des cours de pilotage dans l'Oklahoma et a reçu d'importants virements de Ben Al-Shaiba, mais il est resté isolé des pirates de l'air qui, eux, se sont fréquentés dans le New Jersey et en Floride. D. BOUATTA