Résumé de la 5e partie n Mettant à exécution les ordres de son père, Scharkân choisit pour l?expédition ses meilleures soldats, les couvre de richesses et leur donne trois jours de repos. Scharkân entra alors dans la salle où se trouvaient les coffres du trésor et les réserves d'armes et de munitions, et choisit les plus belles armes aux niellures d'or et aux inscriptions sur ivoire et sur ébène, et prit tout ce qui tentait son goût et sa préférence. Puis il se dirigea vers les écuries du palais où se trouvaient réunis les plus beaux chevaux du Nedjed et de l'Arabie, qui portaient chacun sa généalogie attachée à son cou, dans un sachet de cuir ouvragé de soie et d'or et ornementé de pierres de turquoise. Là, il choisit les chevaux appartenant aux races les plus fameuses et, pour lui-même, il prit un cheval bai brun à la robe lustrée, aux yeux à fleur de tête, aux larges sabots, à la queue haute superbement et aux oreilles fines comme celles de la gazelle. Et ce cheval était un cadeau fait à Omar Al-Némân par un cheikh d'une puissante tribu arabe ; et c'était un cheval de race seglaoui-jedrân. Et lorsque les trois jours furent écoulés, les soldats s'assemblèrent en ordre hors de la ville ; et sortit également le roi Omar Al-Némân pour faire ses adieux à son fils Scharkân et à son grand vizir Dandân. Et il s'approcha de Scharkân, qui baisa la terre entre ses mains, et il lui fit don de sept coffres entièrement remplis de monnaie, et lui recommanda de demander toujours conseil au sage vizir Dandân. Et Scharkân écouta respectueusement et promit la chose à son père. Alors le roi se tourna vers le vizir Dandân et lui recommanda beaucoup son fils Scharkân et les soldats de Scharkân. Et le vizir baisa la terre entre ses mains et répondit : «J'écoute et j'obéis !» Puis Scharkân, devant le roi et le vizir, monta son cheval seglaoui-jedrân, et fit défiler devant lui les principaux chefs de son armée et ses dix mille cavaliers. Puis il baisa la main du roi Omar Al-Némân et, accompagné du vizir Dandân, il lança son cheval au galop. Et l'on poussa en avant et l'on partit au milieu du roulement des tambours de guerre, du son des fifres et des clairons. Et au-dessus d'eux s'éployaient les étendards et les signaux et battaient au vent les bannières et les drapeaux. Et les envoyés servaient de guides. Et l'on se mit en marche et on continua de la sorte durant tout ce jour, puis tout le jour suivant et les autres jours, et cela pendant vingt jours. Et l'on ne s'arrêtait que la nuit, pour le repos. Et l'on finit par arriver à une large vallée couverte de forêts et pleine d'eau murmurante. Et, comme c'était la nuit, Scharkân donna l'ordre du campement et fit savoir que le repos serait de trois jours. Et descendirent les cavaliers et dressèrent les tentes et se dispersèrent de tous côtés, à droite et à gauche. Et le vizir Dandân fit placer sa tente au milieu même de la vallée, et tout près de lui les tentes des envoyés du roi Aphridonios de Constantinia. Quant à Scharkân, il attendit que tous les soldats fussent partis et ordonna à ses gardes de le laisser seul et d'aller auprès du vizir Dandân. Puis il lâcha les rênes en toute liberté à son coursier, et voulut reconnaître lui-même toute la vallée et mettre ainsi en pratique les conseils de son père, qui lui avait soigneusement recommandé de prendre toutes les précautions en approchant du pays des Roum, ennemis ou amis. Et il ne cessa, toujours sur le dos de son cheval, de marcher tout autour de la vallée jusqu'à ce que le quart de la nuit fût écoulé. Alors le sommeil lui tomba pesamment sur les paupières, et il fut dans l'impossibilité d'aller au galop. Et, comme il avait l'habitude de dormir sur le dos de son cheval, il laissa son cheval aller au pas et s'endormit. (à suivre...)