Résumé de la 18e partie n Refusant le duel, Scharkân préféra affronter les cent guerriers à la fois. Il ne tarda pas à les vaincre en en tuant quatre-vingts et faisant fuir les vingt autres. Et comme ils étaient arrivés dans la grande salle du monastère, la jeune Abriza, toute souriante de plaisir, prit la main de Scharkân et la porta à ses lèvres ; puis elle releva sa robe et, en dessous, apparurent une cotte de mailles aux mailles très serrées et une épée en acier fin de l'Inde ; et Scharkân, étonné, lui demanda : «Pourquoi, ô ma maîtresse, cette cotte de mailles et cette épée ?» Elle dit : «O Scharkân, dans le feu de ton combat je m'en étais vêtue à la hâte pour courir à ton secours ; mais mon bras ne t?a point été utile !» Puis la reine Abriza fit venir les portiers du monastère et leur dit : «Comment se fait-il que vous ayez laissé pénétrer ici les hommes du roi, sans ma permission ?» Ils dirent : «Ce n'est point encore l'habitude de demander un permis d'entrée pour les hommes du roi et surtout pour son grand patrice !» Elle dit : «Je vous soupçonne fort d'avoir voulu me perdre et faire tuer mon hôte !» Et elle pria Scharkân de leur couper la tête ; et Scharkân leur coupa la tête. Alors elle dit à ses autres esclaves : «Ils ont mérité bien pis que cela !» Puis elle se tourna vers Scharkân et lui dit : «Voici, ô Scharkân, que je vais te dévoiler ce qui pour toi a été caché jusqu'à cette heure !» Alors elle dit : «Sache, ô Scharkân, que je suis la fille unique du roi grec Hardobios, maître de Kaïssaria, et je m'appelle Abriza. Et j'ai pour ennemie inexorable la vieille Mère-des-Calamités, qui a été la nourrice de mon père et est très écoutée et crainte au palais. Et la cause de cette inimitié entre moi et elle est une cause que tu me dispenseras de te raconter, car il y a des jeunes filles mêlées à cette histoire dont tu connaîtras certes les détails avec le temps. Aussi je ne doute pas que Mère-des-Calamités ne fasse tout pour me perdre, maintenant surtout que j'ai été la cause de la mort du chef des patrices et des guerriers. Et elle dira à mon père que j'ai embrassé la cause des musulmans. Aussi, pour moi, le seul parti à prendre, tant que Mère-des-Calamités me persécute, est de m'en aller loin de mon pays et de mes parents. Et je te demande de m'aider à partir, et d'agir avec moi comme j'ai agi avec toi ; car tu es un peu la cause de ce qui vient d'arriver.» A ces paroles, Scharkân sentit sa raison s'envoler de joie et sa poitrine s'élargir et tout son être s'épanouir, et il dit : «Par Allah ! Et quel est celui qui osera t'approcher, tant que mon âme est dans mon corps ? Mais pourrais-tu vraiment supporter d'être éloignée de ton père et des tiens ?» Elle répondit : «Mais certainement !» Alors Scharkân lui fit jurer qu'elle le pourrait, et elle fit le serment, puis ajouta : «Maintenant mon c?ur s'est tranquillisé. Mais j'ai encore à te faire une demande.» Il dit : «Et quelle est-elle ?» Elle dit : «C'est que tu retournes à Bagdad, ton pays, avec tous tes soldats !» Il dit : «O ma maîtresse, mon père Omar Al-Némân ne m'a envoyé dans le pays des Roum que pour combattre et vaincre ton père, contre lequel le roi Aphridonios de Constantinia nous a demandé secours. Car ton père a fait saisir un navire chargé de richesses, de jeunes esclaves et de trois gemmes précieuses auxquelles sont attachées d'admirables vertus !» Alors Abriza répondit : «Calme ton âme et adoucis tes yeux ! Car voici que je vais te dire la véritable histoire de notre hostilité avec le roi Aphridonios. «Sache que nous avons, nous autres Grecs, une fête annuelle qui est la fête de ce monastère-ci. Et chaque année, à pareille date, tous les rois chrétiens se réunissent ici de toutes les contrées, ainsi que tous les nobles et les grands commerçants ; et aussi ne manquent pas de venir les femmes et les filles des rois et des autres ; et cette fête dure sept jours entiers. (à suivre...)