Résumé de la 11e partie n La jeune femme afficha son inimitié à l?égard du royaume de Al-Néman. Mais elle eut la vie sauve grâce à sa beauté. Scharkân, obnubilé par cette créature, la suit jusqu?à la principale salle du monastère. Et Scharkân vit de magnifiques coussins rangés en ordre contre les murs, tout autour de la salle ; et, aux portes et sur les murs, de grands rideaux surmontés chacun d'une couronne d'or ; et tout le sol était recouvert de précieux marbres de couleur finement découpés ; et au milieu de la salle il y avait un bassin où l'eau coulait par vingt-quatre embouchures d'or ; et l'eau tombait musicalement avec des scintillements de métal et d'argent. Au fond de la salle, il y avait un lit tout tendu de soie comme il n'en existe que dans le palais des rois. Alors, la jeune femme dit à Scharkân : «Monte, seigneur, sur ce lit, et laisse-toi faire.» Et Scharkân monta sur le lit, tout disposé à se laisser faire. Et elle sortit de la salle et laissa Scharkân seul avec les jeunes esclaves au front diadémé de pierreries. Mais comme elle tardait à revenir, Scharkân demanda aux jeunes filles où elle était allée. Elles répondirent : «Mais elle est allée dormir. Et nous voici devant toi pour te servir, selon ses ordres.» Et Scharkân ne sut que penser. Alors les jeunes filles lui apportèrent, sur de grands plateaux orfévrés, toutes sortes de mets admirables et de toutes les espèces ; et il en mangea bien, et jusqu'à satiété. Après cela, on lui présenta l'aiguière d'or et la cuvette d'or aux rehaussements d'argent ; et il laissa sur ses mains couler l'eau parfumée à la rose et aux fleurs d'oranger. Mais il commença aussi à se soucier de ses soldats, qu'il avait laissés seuls dans la vallée et à se réprimander fort d'avoir oublié les conseils de son père ; et sa peine s'accroissait encore du fait qu'il ignorait tout de la jeune hôtesse du palais et du lieu où il se trouvait. Et il se récita alors ces strophes du poète : «Si j'ai perdu ma fermeté et mon courage, ma faute est légère car j'ai été trompé et trahi par tant de choses ! «Délivrez-moi, ô mes amis, de ma douleur, de la douleur d'aimer qui m'a fait perdre ma force et toute ma gaieté ! «Voici que mon c?ur s'est égaré dans l'amour, s'est égaré et a fondu. Il a fondu, et je ne sais à qui jeter mon cri de détresse !» Lorsque Scharkân eut fini de réciter ces strophes, il s'endormit et ne se réveilla que le matin. Et il vit entrer dans la salle une troupe de beauté, composée de vingt jeunes filles comme des lunes qui entouraient leur maîtresse ; et elle était au milieu d'elles, telle la lune entre les étoiles. Elle était vêtue d'étoffes de soie ornées de dessins et de figures, royalement ; sa taille paraissait encore plus fine et ses hanches plus somptueuses sous la ceinture qui les tenait captives ; et c'était une ceinture d'or filigrané, toute diamantée de pierreries ; et de la sorte, avec ces hanches et cette taille, elle était telle une masse de cristal diaphane où se ploierait en son milieu, délicatement, un fin rameau d'argent. Quant à ses cheveux, ils étaient retenus par un filet de perles fines emmêlées de toutes les espèces de pierreries. Et, elle-même, entourée de vingt jeunes filles à sa droite et à sa gauche, qui soulevaient les traînes de sa robe, s'avançait, toute merveilleuse, en se balançant. A cette vue, Scharkân sentit sa raison s'envoler d'émotion ; et il oublia et ses soldats et son vizir et les conseils de son père ; et il se leva debout sur ses deux pieds, aimanté par tant de charmes, et récita ces strophes : «Lourde de hanches, penchée, balancée ; les membres souples et fuselés ; la gorge douce et glissante et dorée. Tu recèles, ô très belle, les trésors du dedans ! Moi, j'ai des yeux aigus qui percent toute opacité.» (à suivre...)