Réalité n Le Pentagone a confirmé mercredi l'authenticité des photos inédites diffusées par une télévision australienne et par la chaîne de télévision américaine CNN qui a également montré trois de ces photos. Le Pentagone s?est, par ailleurs, inquiété de l'impact de leur diffusion dans le monde musulman. Un responsable du ministère américain de la Défense, qui a requis l'anonymat, a déclaré que les photos correspondaient à celles récupérées par l'armée américaine il y a deux ans lors de son enquête sur le scandale d'Abou Ghraïb. Une seule de ces photos n'a pas pu être authentifiée parce qu'il n'y avait personne dessus, a-t-il dit. «Les 14 autres correspondent aux photos du CID et sont authentiques», a-t-il ajouté. Le CID est l'Unité d'enquête criminelle de l'armée de terre américaine qui a mené l'enquête sur le scandale. Selon la chaîne SBS, les nouvelles photos font actuellement l'objet d'une bataille judiciaire aux Etats-Unis, le Pentagone cherchant à empêcher leur publication sous prétexte qu'elles pourraient enflammer le monde musulman. Le Pentagone détiendrait un volumineux dossier contenant des photos inédites collectées dans le cadre de son enquête. Selon le responsable du Pentagone, les nouvelles images ne représentent «rien de nouveau» et «ont été examinées dans le cadre de l'enquête sur Abou Ghraïb». Trois photos font partie d'un lot de 70 photos dont la publication a été ordonnée par un tribunal américain en réponse à une plainte déposée par des organisations de défense des droits de l'Homme. Le ministère de la Justice a fait appel de cette décision en affirmant que cette publication pourrait déclencher des violences dans le monde musulman. «Le Pentagone pense que la publication d'autres photos pourrait susciter des violences inutiles dans le monde et pourrait mettre en danger nos soldats», a déclaré mercredi un porte-parole du ministère de la Défense, Bryan Whitman. Les Nations unies ont qualifié pour leur part de «profondément perturbantes» les images inédites des mauvais traitements infligés par des soldats américains aux prisonniers irakiens d'Abou Ghraïb, «et demandent une enquête rapide dès que possible», a déclaré Stephane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan. L'organisation de défense des droits de l'homme, Amnesty International, se demande pour sa part «quels autres sévices ont été commis quand les appareils photos n'étaient pas présents» et juge «nécessaire une enquête vraiment indépendante». La publication des photos intervient en pleine crise provoquée par la publication de caricatures du prophète Mohammed dans un journal danois.