Résumé de la 38e partie n Echafaudant des plans pour s?enfuir au cas où il se sentirait en danger, Lenny décide d?emmener Star avec lui. Je suis son père, après tout, se disait-il. Je n'ai pas le droit de l'abandonner. Implicitement, et à juste titre, Lenny était conscient qu'un homme voyageant avec une petite fille avait peu de chances d'être pris pour un escroc en fuite. Sondra s'était promis de ne plus rôder autour de St-Clement. SeuIe la venue prochaine de son grand-père pour le concert l'empêchait d'aller trouver la police. Je ne peux plus vivre ainsi, se disait-elle. Si quelqu'un a trouvé le bébé, lu le billet et décidé de garder l'enfant, et si ma petite fille vit aujourd'hui à New York, il est très possible qu'elle ait un faux acte de naissance. Déclarer qu'elle était née à domicile n'a pas dû poser de problème. A l'hôtel, personne n'a su que j'avais accouché toute seule et presque sans douleur. La douleur était venue ensuite, se souvient-elle, se tournant et se retournant dans son lit. Comme l'aube pointait, elle finit par s'assoupir. Pour se réveiller quelques heures plus tard avec un affreux mal de tête. Elle se leva et, sans entrain, enfila sa tenue de jogging. Courir dissipera peut-être mes idées noires. Il faut que je sois capable de me concentrer pendant la répétition. J'ai commis trop d'erreurs dans ma vie, je ne veux pas ajouter un concert raté à la liste, ne serait-ce que pour grand-père. Elle avait décidé de rester dans Central Park aujourd'hui, mais en approchant de la sortie nord du parc, ses pas, instinctivement, se dirigèrent vers l'ouest. Quelques minutes plus tard, elle se trouvait en face de St-Clement, de l'autre côté de la rue, se remémorant une fois encore l'instant où elle avait tenu son enfant dans ses bras pour la dernière fois. La température s'était un peu réchauffée et la rue était plus animée. Sondra savait qu'elle ne pourrait s'attarder trop longtemps sans attirer l'attention. Le manteau blanc qui recouvrait les trottoirs le jeudi précédent avait presque complètement fondu, ne laissant qu'une gadoue grisâtre. Il faisait si froid cette nuit-là, se souvient-elle, et la neige dans les caniveaux était gelée. La vieille voiture d'enfant avait une tache sur le côté. J'avais nettoyé l'intérieur, mais tout était tellement miteux que l'idée d'y mettre le bébé me répugnait, même pour une minute. Quelqu'un dans l'hôtel avait jeté un grand sac en papier dans lequel j'ai enveloppé l'enfant pour le protéger davantage. Je me rappelle qu'il portait la marque Sloan. J'avais acheté les biberons et le lait en poudre dans une pharmacie. Sondra sentit une tape sur son épaule. Surprise, elle se retourna et aperçut le visage bienveillant d'une femme aux cheveux roux, plutôt rondelette, âgée d'une soixantaine d'années. «Vous avez besoin d'aide, Sondra, dit gentiment Alvirah. Et je crois que je peux vous l'apporter.» Elles prirent un taxi jusqu'à Central Park South. Chez elle, Alvirah prépara du thé et des toasts. «Je parie que vous n'avez rien mangé de la journée», dit-elle. Retenant une fois de plus ses larmes, Sondra fit un signe timide de la tête. Elle éprouvait un sentiment d'irréalité, mêlé d'un immense soulagement. Dans cet appartement inconnu, en présence de cette inconnue, elle se sentait étrangement rassurée. Elle savait qu'elle allait bientôt raconter toute l'histoire du bébé à Alvirah Meehan et elle avait l'intuition que cette femme, qui avait soudain surgi sur sa route, trouverait un moyen de l'aider. (à suivre...)