L'aide au court métrage est appelée à être augmentée, c'est ce qu'a affirmé Zhira Yahi, porte-parole du ministère de la Culture... C'est dans un cadre féerique, et sous le bruit du baroud et le rythme des musiques du Sud que l'ouverture du festival du court métrage a eu lieu lundi soir, sous une khaïma et dans une liesse indescriptible. En effet, après deux jours de voyage éreintants, avec réveil à cinq heures du matin, nous voilà enfin à Taghit. Située à l'ouest du Grand Erg occidental entre Béchar et Beni Abbès, Taghit est une oasis magnifique à l'ombre de grands palmiers. Et c'est dans ce cadre enchanteur que les groupes de jeunes ont atterri, émerveillés. Alors que les invités, notamment les membres du jury, continuaient à affluer, les préparatifs du festival allaient bon train. Parmi les membres du jury, on peut citer Mina Kessar, scripte et réalisatrice, ayant étudié le cinéma à Bruxelles, Rachid Soufi, comédien au théâtre Kateb-Yacine, photographe aussi et monteur, ainsi que réalisateur indépendant, Fettouma Ousliha, artiste confirmée, ayant tourné dans plusieurs films réalisés avec feu Bouamari, sans oublier ses nombreux rôles dans des pièces théâtrales. L'ouverture officielle pouvait enfin commencer. Et c'est Abdenour Houchiche, président de l'association Project'heures et initiateur des rencontres cinématographiques de Béjaïa, qui donnera le coup d'envoi. Assis à même le sol sous cette grande khaïma, les convives pouvaient assister à la projection du court métrage, en noir et blanc, de Yasmina, réalisé en 1961 par Lakhdar Hamina. Le débat sur l'histoire du court métrage en Algérie était, à la base, lié à l'ouverture de l'Ecole du cinéma dans les montagnes de la Wilaya 1, Zone 5 en 1957 exactement, par René Vautier, ce moudjahid de l'image ayant rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale. L'école dispensait des cours et les courts métrages réalisés étaient distribués dans les pays de l'Est. Evidemment, ces films ont été produits dans des conditions très difficiles avec des moyens limités et un personnel inexpérimenté. Il demeure que ces films sont un important témoin et une preuve non négligeable d'une période difficile de l'histoire de l'Algérie. Yasmina est le titre de ce moyen métrage produit par le service cinéma. Il est considéré comme le premier court métrage réalisé par un Algérien même si un grand nombre de courts métrages ont été réalisés par l'Ecole du cinéma depuis 1957, tels que L'Ecole, un documentaire sur l'école du cinéma elle-même, Les infirmières de l'Armée nationale de libération, Attaque sur les mines d'El Ouenza, Sakiet Sidi Youcef et Les réfugiés de Pierre Clément. L'Administration de Taghit a voulu projeter Yasmina de Hamina car le film dépeint la situation d'une jeune Algérienne en exil et montre l'état des réfugiés de notre communauté à l'étranger pendant la guerre de Libération. Un court métrage étant plus un documentaire qu'une réelle fiction à première vue, mérite de figurer dans notre mémoire nationale de l'histoire du cinéma algérien. Un exemple aussi pour nos jeunes réalisateurs qui voient, pour la première fois, ce court métrage fait par notre Palme d'or internationale. Notons que cette soirée officielle fut présidée par le maire de Taghit, le directeur général de l'Entv, Hamraoui Habib Chawki, et président de la Fondation Fennec d'or qui rappellera «la détermination et l'espoir de ces visages qui sont venus de divers horizons, déterminés à réaliser leurs courts métrages et dès qu'ils ont eu un peu de soutien du ministère de la Culture et de la Télévision algérienne, encadrés par la Fondation du Fennec d'or...ils nous ont surpris par plusieurs films qui ouvrent une voie en or... en direction de Taghit. Taghit, cette ville avec ses habitants mérite l'or et mérite qu'on y aille et qu'elle soit un lieu de pèlerinage pour les créateurs en vue de poser les jalons d'un festival du court métrage...C'est une relance de ce genre à part entière et c'est sans aucun doute l'avenir du cinéma à long terme.» Sans oublier Zhira Yahi, la chef de cabinet et porte-parole du ministre de la Culture qui affirmera la ferme intention du secteur de doubler prochainement l'aide aux jeunes cinéastes désireux de se lancer dans le court métrage pour défendre cet art à part. Enfin, c'est hier dans la matinée qu'a débuté la projection des courts métrages algériens avec Demain il se lèvera le soleil de Omar Chouchane, Parcours d'un enfant de Boubker Slimane, Mort avant la mort de Touati Ahcène et Balloon de Kader Ansaad. Des courts métrages qui, pour certains, ont ému l'assistance.