Résumé de la 24e partie n Le beau cavalier chrétien, qui avait donné du fil à retordre pendant plusieurs jours à l?armée de Scharkân, s?avéra être la reine Abriza. Alors Scharkân jeta au loin son épée, et se prosterna devant la jeune fille et baisa la terre entre ses mains et lui dit : «Mais pourquoi donc, ô reine, tout cela ?» Elle lui dit : «J'ai voulu t'éprouver moi-même sur un champ de bataille, et voir ton degré d'endurance et de valeur ! Et sache que tous mes guerriers, les cent qui ont combattu les tiens, sont des jeunes filles, et vierges et miennes. Et quant à moi, n'eût été mon cheval qui s'est cabré, tu aurais vu bien d'autres choses, ô Scharkân !» Et Scharkân sourit et répondit : «Louange à Allah qui nous a réunis, ô reine Abriza, ô souveraine des temps !» Et la reine aussitôt donna à ses compagnes l'ordre du départ et rendit à Scharkân les vingt prisonniers, l'un après l'autre. Et tous vinrent s'agenouiller devant elle et baisèrent la terre entre ses mains. Et Scharkân se tourna vers les belles adolescentes et leur dit : «Les rois seraient honorés de pouvoir compter sur une réserve de héros tels que vous autres !» Puis on leva les campements, et les deux cents cavaliers prirent ensemble la route de Bagdad et marchèrent de la sorte six jours entiers, au bout desquels ils virent, au loin, luire les glorieux minarets de la Ville de paix. A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Et lorsque vint le soir, elle dit : Ils virent, au loin, luire les glorieux minarets de la Ville de paix. Alors Scharkân pria la reine Abriza et ses compagnes d'enlever leurs armures guerrières et de les échanger contre de vrais habits de femmes grecques. Et elles le firent. Puis il envoya à Bagdad quelques-uns de ses compagnons le devancer et l'annoncer à son père Omar Al-Némân, lui et la reine Abriza, pour qu'un cortège somptueux fût envoyé à leur rencontre. Puis on mit pied à terre et l'on dressa les tentes pour la nuit, et l'on s'endormit jusqu'au matin. Aussi, dès le lever du jour, le prince Scharkân et ses cavaliers, la reine Abriza et ses guerrières remontèrent sur leurs coursiers et prirent le chemin de la ville. Et voici que sortit de la ville, venant à leur rencontre, le grand vizir Dandân avec une suite de mille cavaliers ; et il s'approcha de la jeune fille et de Scharkân et baisa la terre entre leurs mains ; puis tous ensemble entrèrent dans la ville. Et Scharkân le premier monta au palais voir son père, le roi Omar Al-Némân. Et le roi se leva pour lui et l'embrassa et lui demanda de ses nouvelles. Et Scharkân lui raconta toute son histoire avec la jeune Abriza, fille du roi Hardobios de Kaïssaria, et la perfidie du roi de Constantinia et son ressentiment à cause de Safîa, la concubine, qui n'était autre que la fille même du roi Aphridonios ; et il lui raconta l'hospitalité et les bons conseils d'Abriza et son dernier exploit, et toutes ses qualités de valeur et de beauté. Lorsque le roi Omar Al-Némân eut entendu ces dernières paroles, il fut pris d'un grand désir de voir la jeune fille merveilleuse, et tout son être s'alluma aux détails entendus. Et il pensa en lui-même aux délices de sentir dans sa couche la solidité et la sveltesse harmonieuse d'un corps de fille ainsi aguerrie, et vierge de mâle, et tant aimée de ses compagnes guerrières. Et il ne dédaigna pas non plus ses compagnes elles-mêmes dont le visage, sous les habits de guerre, était celui d'un enfant aux joues fraîches et vierges de poil et de duvet. Car le roi Omar Al-Némân était un admirable vieillard aux muscles plus exercés que ceux des jeunes gens. Et il ne craignait point les luttes de la virilité, et il sortait toujours victorieux d'entre les bras de ses femmes les plus allumées. (à suivre...)