Résumé de la 23e partie n Une autre journée de combats se termina, cette fois, par la défaite des musulmans. Vingt d?entre eux furent capturés. Lorsque Scharkân eut vu ce résultat, il en fut très affecté ; et il réunit ses compagnons et leur dit : «Ce qui vient de nous arriver n'est-il vraiment pas énormément extraordinaire ? Aussi vais-je, demain même, m'avancer seul en face de l'ennemi et provoquer au combat le chef de ces chrétiens. Et je verrai ensuite la raison qui l'a poussé à violer notre territoire et à nous attaquer. Et s'il refuse de s'expliquer, nous le tuerons ; et s'il accepte nos propositions, nous ferons avec lui la paix.» Et sur cette résolution, ils s'endormirent tous jusqu'au matin. Alors Scharkân, déjà à cheval, s'avança tout seul vers les rangs des ennemis ; et il vit s'avancer, au milieu de cinquante guerriers descendus de leurs chevaux, un cavalier qui n'était autre que le chef des chrétiens en personne. Il portait, agrafée aux épaules, une chlamyde de satin bleu qui flottait au-dessus d'une cotte de mailles aux mailles très serrées ; et il brandissait une épée nue en acier indianisé ; et il montait un cheval noir qui avait le front étoilé d'une tache blanche, large comme un drachme d'argent. Et ce cavalier avait une figure fraîche d'enfant, aux joues roses et vierges de poil ; et il était aussi beau que la lune qui se lève, glorieuse, à l?horizon oriental. Lorsqu'il fut au milieu de la lice, le jeune cavalier s'adressa à Scharkân en langue arabe, avec l'accent le plus pur, et lui dit : «O Scharkân, ô fils d'Omar AI-Némân qui règne sur les bourgs et les villes, les places fortes et les tours, prépare-toi à la lutte, car elle sera dure ! Et comme tu es le chef des tiens et moi le chef des miens, il est entre nous, dès maintenant, entendu que le vainqueur dans cette lutte s'emparera des soldats du vaincu et sera le maître reconnu !» Mais déjà Scharkân, le c?ur chargé de courroux, avait lancé son coursier contre le chrétien, semblable au lion en fureur. Et ils se heurtèrent l'un contre l'autre d'un heurt héroïque, et les coups crépitèrent ; et l'on aurait cru voir s'entrechoquer deux montagnes ou se mêlent bruyamment deux mers soudain se rencontrant. Et ils ne cessèrent de combattre depuis le matin jusqu'à la nuit noire. Et alors ils se séparèrent et chacun retourna au milieu des siens. Alors Scharkân dit à ses compagnons : «De ma vie je n'ai rencontré pareil combattant ! Mais ce que j'ai trouvé en lui de plus surprenant, c'est l'habitude qu'il a, chaque fois que son adversaire est à découvert, de ne le point blesser, mais seulement de le toucher légèrement, à l'endroit découvert, du pommeau de sa lance ; et je ne comprends plus rien à toute cette aventure. Mais il serait à souhaiter qu'il y eût beaucoup de nos guerriers doués d'une pareille intrépidité !» Et le lendemain on recommença une lutte identique, mais sans plus de résultat. Mais le troisième jour, voici ce qui arriva. Au milieu du combat, soudain le beau jeune homme chrétien lança son cheval au galop et l'arrêta brusquement, et tira maladroitement sur les rênes ; alors le cheval se cabra et le jeune homme se laissa désarçonner et tomba à terre, comme naturellement. Alors Scharkân sauta à bas de son cheval, et l'épée haute, se précipita sur son adversaire et voulut le transpercer. Et le beau chrétien s'écria : «Est-ce ainsi que se comportent les héros ? ou est-ce de la sorte que la galanterie commande les égards aux femmes ?» A ces mots, Scharkân, étonné, regarda attentivement le jeune cavalier et l'ayant bien examiné, reconnut la reine Abriza. C'était bien la reine avec laquelle il lui était arrivé, dans le monastère, ce qui était arrivé ! (à suivre...)