Résumé de la 17e partie n La reine Abriza refusa de livrer Scharkân aux guerriers et proposa un duel entre lui et le patrice Massoura. Mais à ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Lorsque vint la nuit, elle dit : Il m'est parvenu, ô roi fortuné, que la jeune reine Abriza dit : «Et nous verrons qui de vous tous est le héros !» Et le patrice Massoura dit : «Par le messie, tu dis vrai ! Aussi est-ce moi qui me présenterai le premier sur le terrain de lutte !» Elle dit : «Attends alors que j'aille le prévenir et prendre sa réponse. S'il accepte, la chose est faite ; s'il refuse, il sera tout de même l'hôte honoré et protégé !» Et Abriza se hâta d'aller trouver Scharkân et le mit au courant, mais sans lui dire qui elle était. Alors Scharkân comprit combien il avait mal pensé de la générosité de la jeune femme, et il se réprimanda fort, et doublement, pour avoir mal pensé de la jeune femme et pour s'être jeté inconsidérément au milieu du pays des Roum. Puis il dit : «O ma maîtresse, je n'ai point l'habitude de combattre ainsi contre un seul guerrier, mais contre dix guerriers à la fois ; aussi est-ce de la sorte que j'entends engager le combat !» Il dit et sauta sur ses deux pieds et s'élança au-devant des guerriers chrétiens. Et il tenait à la main son glaive et son bouclier. Lorsque le patrice Massoura eut vu Scharkân qui s'approchait, il bondit sur lui d'un bond et le chargea avec violence. Mais Scharkân para le coup porté et s'élança comme un lion sur son adversaire et lui assena sur l'épaule un coup si terrible que le glaive sortit en brillant par le flanc, après avoir traversé ventre et intestins. A cette vue, la valeur de Scharkân augmenta considérablement aux yeux de la jeune reine, et elle se dit : «Voilà vraiment le héros avec lequel j'aurais pu lutter dans la forêt !» Puis elle se tourna vers les guerriers et leur cria : «Qu'attendez-vous donc pour continuer le combat ! Ne songez-vous plus à venger la mort du patrice ?» Alors s'avança à grandes enjambées un géant à l'aspect redoutable et à la figure respirant l'énergie ; et il était le frère même du patrice Massoura ; mais Scharkân ne lui laissa pas le temps de parader et lui assena sur l'épaule un coup tel que le glaive sortit en brillant par le flanc, après avoir traversé ventre et intestins. Alors, un à un, d'autres guerriers s'avancèrent ; mais Scharkân leur faisait subir le même sort, et son glaive se faisait un jeu du vol de leurs têtes. Et de la sorte il en tua cinquante. Lorsque les cinquante qui restaient eurent vu le traitement infligé à leurs compagnons, ils se réunirent en une seule masse et se précipitèrent tous ensemble sur Scharkân ; mais c'en fut fait d'eux ! Ils furent reçus par Scharkân avec un c?ur plus dur que la pierre, et battus comme sur l'aire les grains sont battus et éparpillés, eux et leur âme, pour toujours ! Alors la reine Abriza cria à ses suivantes : «Y a-t-il encore d'autres hommes au monastère ?» Elles répondirent : «Il n'y a plus d'autres hommes que les portiers !» Alors la reine Abriza s'avança au-devant de Scharkân, et le prit dans ses bras et l'embrassa avec ferveur ; puis elle compta le nombre des morts, et en trouva quatre-vingts ; quant aux vingt autres combattants, ils avaient pu, malgré leur état, s'échapper et disparaître. Et Scharkân songea alors à essuyer la lame sanglante de son glaive et, entraîné par Abriza, rentra au monastère en récitant ces strophes guerrières : «Au jour de ma vaillance, pour me combattre, les bandes avec fureur se sont élancées ! «J'ai jeté en pâture aux lions leurs fiers chevaux bai brun, à mes frères les lions. «Allons, jeunes gens ! soulagez-moi du poids de mes habits, si vous voulez ! Au jour de ma vaillance, je n'ai fait que passer, et voilà tous ces guerriers tout de leur long étendus sur la brûlante terre de mon désert !» (à suivre...)