Résumé de la 19e partie n Scharkân est dans l?embarras. C?est au père de sa désormais bien-aimée que son propre père l?a envoyé faire la guerre. Abriza entreprend de lui expliquer le conflit. La princesse Abriza continua son récit : «Or, une année, je vins moi-même au nombre des visiteurs, et il y avait aussi la fille du roi Aphridonios de Constantinia, qui se nommait Safîa, et qui est maintenant la concubine de ton père Omar Al-Némân, et mère d'enfants. Mais à ce moment elle était encore jeune fille? «Lorsque, la fête terminée, vint le septième jour, qui était le jour du départ, Safîa dit : ?Je ne veux pas retourner à Constantinia par la voie de terre, mais par mer.? Alors on lui prépara un navire et elle y descendit, elle et ses compagnes, et y fit embarquer toutes les choses qui lui appartenaient ; et l'on déploya les voiles et l'on partit. «Mais à peine le navire s'était-il éloigné que le vent contraire s'éleva et fit dévier le navire de sa route. Et la Providence voulut que justement il y eût, dans ces parages, un grand navire plein de guerriers chrétiens de l'Ile de Kafour, au nombre de cinq cents Afrangi ; et ils étaient tous armés et vêtus de fer ; et ils n'attendaient qu'une occasion comme celle-là pour faire du butin, depuis le temps qu'ils tenaient la mer. Aussi, dès qu'ils virent le navire où était Safîa, ils l'abordèrent et y jetèrent leurs grappins et s'en emparèrent ; puis ils le traînèrent à la remorque et remirent à la voile. Mais une tempête s'éleva, furieuse, qui les jeta tous sur nos côtes, désemparés. Alors nos hommes se jetèrent sur eux, tuèrent les pirates et s'emparèrent à leur tour des soixante jeunes filles, au nombre desquelles se trouvait Safîa, et de toutes les richesses qui étaient accumulées dans les navires. Puis ils vinrent offrir les soixante jeunes filles en cadeau au roi de Kaïssaria, mon père, et gardèrent les richesses pour eux. Alors mon père choisit pour lui les dix plus belles jeunes filles et distribua le reste à sa suite. Puis, sur les dix, il tria les cinq plus belles et les envoya en cadeau au roi Omar Al-Némân, ton père ; et parmi ces cinq il y avait justement Safîa, la fille du roi Aphridonios ; mais nous ne nous en doutions pas, car ni elle ni personne ne nous avait révélé sa condition ni son nom. Et c'est ainsi, ô Scharkân, que Safîa devint la concubine du roi Omar Al-Némân, ton père ; et elle lui fut d'ailleurs envoyée avec beaucoup d'autres choses telles que soieries, étoffes de laine et broderies de Grèce. «Mais voici qu'au commencement de cette année le roi mon père reçut une lettre du père de Safîa, le roi Aphridonios. Et dans cette lettre il y avait des choses que je ne puis vraiment te répéter ; mais il y était dit ceci, en outre : ?Tu as, il y a deux ans, pris à des pirates soixante jeunes filles, parmi lesquelles ma fille Safîa ; et c'est maintenant seulement que je l'apprends, car tu ne m'as rien fait savoir, ô roi Hardobios ! Et c'est là la plus grande offense et le plus grand opprobre pour moi, sur moi et autour de moi. Si donc tu ne veux pas devenir mon ennemi, tu dois, sitôt ma lettre reçue, me renvoyer ma fille Safîa, intacte et intégrale. Sinon, et si tu diffères son renvoi, tu seras traité comme tu le mérites, et des représailles terribles contre toi seront prises par ma colère et mon ressentiment.? «Aussi, lorsque mon père eut lu cette lettre, il fut dans une grande perplexité et un grand émoi, puisque la jeune Safîa avait été envoyée en cadeau à ton père Omar Al-Némân, et qu'il n'y avait plus de chance qu'elle fût encore intacte et intégrale, puisqu'elle avait été déjà rendue mère par le roi Omar Al-Némân, en un instant d'ailleurs et sans difficultés de l'une ou de l'autre part. «Et nous comprîmes alors que c'était là une grande calamité. Et mon père n'eut d'autre moyen de recours qu'une lettre au roi Aphridonios où il lui exposait la situation, en s'excusant beaucoup de l'ignorance où il avait été de l'identité de Safîa et en lui faisant là-dessus mille serments.» (à suivre...)