Résumé de la 26e partie n Scharkân est doublement peiné : il apprend fortuitement l?existence d?un petit frère et s?aperçoit de l?intérêt porté par son père à Abriza. Elle répondit : «Tu peux tranquilliser ton âme, ô Scharkân, car ton père ne me possédera que morte ! Ses trois cent soixante femmes et les autres ne peuvent-elles donc plus lui suffire, qu'il convoite ma virginité, qui n'est certes pas faite pour ses dents ! Sois donc en paix, ô Scharkân, et chasse tes soucis !» Puis elle fit apporter à manger et à boire ; et tous deux mangèrent et burent, et Scharkân, toujours l'âme en peine, rentra chez lui dormir, cette nuit-là. Voilà pour Scharkân ! Mais pour ce qui est du roi Omar AI-Némân, une fois Scharkân sorti, il alla trouver sa concubine Safîa, dans son appartement ; et il tenait à la main les deux gemmes précieuses, suspendues chacune à une chaîne d'or. Et, en le voyant entrer, Safîa se leva debout sur ses deux pieds et ne s'assit qu'une fois le roi assis le premier. Et alors vinrent à lui les deux enfants, Nôzhatou la fillette et le petit Daoul?makân. Et le roi les embrassa et leur suspendit au cou, à chacun, l'une des précieuses gemmes. Et les deux enfants en furent très réjouis ; et leur mère souhaita au roi la prospérité et le bonheur. Alors le roi lui dit : «O Safîa, tu es la fille du roi Aphridonios de Constantinia, et tu ne m'en as jamais rien dit ! Pourquoi donc me cacher la chose et m'empêcher, de la sorte, d'avoir pour toi les égards dus à ton rang et de te hausser en estime et en honneur ?» Et Safîa lui dit : «O roi généreux, et que pourrais-je souhaiter de plus, en vérité ? Tu m'as déjà comblée de tes dons et de tes faveurs, et tu m'as rendue mère de deux enfants beaux comme des lunes !» Alors le roi Omar Al-Némân fut très charmé de cette réponse qu'il trouva délicieuse et pleine de goût et de tact, de savoir-vivre et de délicatesse. Et il fit donner à Safîa un palais encore bien plus beau que le premier et augmenta considérablement son train de maison et ses frais de dépenses. Puis il rentra à son palais pour juger et destituer et nommer, selon la coutume. Mais il restait toujours l'esprit et le c?ur fort tourmentés à l'endroit de la jeune reine Abriza. Aussi passait-il chez elle toutes ses nuits à causer avec elle et à lui glisser des sous-entendus. Mais Abriza, chaque fois, pour toute réponse, lui disait : «O roi du temps, vraiment, je n'éprouve point de désirs pour les hommes !» Mais cela ne faisait que l'exciter et le tourmenter davantage ; et il finit par en devenir malade. Et c'est alors qu'il fit venir son vizir Dandân, et lui découvrit tout l'amour qu'il avait dans le c?ur pour l'admirable Abriza, et le peu de résultat obtenu, et son désespoir d'arriver jamais à la posséder. Lorsque le vizir eut entendu ces paroles, il dit au roi : «Voici. A la tombée de la nuit, tu auras soin de prendre avec toi un morceau de ce soporifique sûr, le banj, et tu iras trouver Abriza et tu te mettras à boire un peu avec elle, et, dans la dernière coupe, tu glisseras le morceau de banj ; et elle ne sera pas plutôt arrivée à son lit que tu en seras le maître ; et tu pourras alors faire d'elle tout ce qui te semblera propre à satisfaire ton désir. Et telle est mon idée.» Et le roi répondit : «Vraiment, ton conseil est excellent et le seul réalisable.» (à suivre...)