Résumé de la 21e partie n Eclairé par Abriza, Scharkân est désormais convaincu d?avoir été leurré par les envoyés de Aphridonios. Il reprend le chemin de son camp. Alors les trois cavaliers mirent vivement pied à terre et vinrent respectueusement souhaiter la paix au prince Scharkân, et lui exprimèrent toute l'angoisse où son absence avait jeté l'armée. Et Scharkân leur raconta l'histoire dans tous ses détails, depuis le commencement jusqu'à la fin, et la prochaine arrivée de la reine Abriza et la trahison projetée par les envoyés d'Aphridonios ; et il leur dit : «Il est probable qu'ils ont dû profiter de votre absence à vous trois pour s'échapper et aller prévenir leur roi de notre arrivée sur ses terres. Et maintenant, qui sait si leur armée n'a pas déjà détruit la nôtre ! Au plus vite, courons donc au milieu de nos soldats !» Et bientôt, au galop de leurs chevaux, ils arrivèrent dans la vallée où les tentes étaient dressées ; et l'ordre y régnait, mais les envoyés avaient disparu, en effet. Alors, en hâte, on leva le camp et l'on partit vers Bagdad. Et au bout de quelques jours on arriva aux premières frontières connues ; et l'on fut, par le fait, dans la sécurité. Et tous les habitants de la contrée s'empressèrent de venir leur apporter des provisions pour eux et des vivres pour les chevaux. Et l'on se reposa en cet endroit quelque temps, et l'on repartit. Mais Scharkân confia la direction de toute l'avant-garde au vizir Dandân, et ne garda pour lui, comme arrière-garde, que cent cavaliers qu'il choisit un à un parmi l'élite de tous les cavaliers. Et il laissa l'armée le devancer d'un jour entier ; après quoi il se mit lui-même en marche avec ses cent guerriers. Et comme ils avaient déjà parcouru près de deux parasanges, ils finirent par arriver à un défilé fort étroit situé entre deux très hautes montagnes, et à peine y étaient-ils qu'ils virent à l'autre bout du défilé s'élever une poussière fort dense, qui se rapprocha rapidement et se dissipa pour laisser paraître cent cavaliers, aussi intrépides que des lions et disparaissant sous les cottes de mailles et les visières d'acier. Et lorsque ces cavaliers furent à portée de voix, ils s'écrièrent : «Descendez de vos chevaux, musulmans, et livrez-vous à discrétion en nous remettant vos armes et vos chevaux, sinon par Mariam et Youhanna ! vos âmes ne tarderont pas à s'envoler de vos corps !» A ces paroles, Scharkân vit le monde noircir à ses yeux, et ses yeux lancèrent des éclairs de colère et ses joues s'enflammèrent, et il s'écria : «O chiens de chrétiens, comment osez-vous nous menacer, après avoir déjà eu l'audace de franchir nos frontières et de fouler notre sol ! Et non seulement cela, mais encore vous venez de nous adresser de telles paroles ! Et pensez-vous, maintenant, pouvoir vous échapper intacts d'entre nos mains et revoir votre pays ?» Il dit ! et cria à ses guerriers : «O Croyants, sus à ces chiens !» Et, le premier, Scharkân fonça sur l'ennemi. Alors les cent cavaliers de Scharkân, au grand galop de leurs chevaux, fondirent sur les cent cavaliers afranji, et les deux masses d'hommes se mêlèrent avec des c?urs plus durs que la roche ; et les aciers se heurtèrent aux aciers, et les épées aux épées, et les coups se mirent à pleuvoir en crépitant, et les corps s'enlacèrent aux corps, et les chevaux se cabrèrent et retombèrent pesamment sur les chevaux, et l'on n'entendit plus d'autre bruit que le cliquetis des armes et le choc tumultueux des métaux contre les métaux. Et le combat dura de la sorte jusqu'à l'approche de la nuit et des ténèbres de la nuit. Alors seulement les deux partis se séparèrent, et l'on put se compter. Et Scharkân, parmi ses hommes, n'en trouva pas un seul qui fût atteint de blessure grave. (à suivre...)