Regret n «Notre institut est une coquille vide. Toute cette bâtisse pour rien. A la fin des études il ne nous est pas délivré de diplôme, mais une simple attestation de fin d?études.» C'est ce qu'affirme le délégué des étudiants de l?Insm qui ajoute : «On a créé le Diplôme d?enseignement supérieur de musique (Desm) en 1992. Pour y accéder, il faut soit être titulaire du bac, soit sortir des instituts régionaux de formation musicale (Alger, Batna, Oran et Bouira), ou encore avec un niveau de 3e AS, 5% des effectifs sont admis sur cette base. Tous passent le concours. En 1999, une loi est adoptée. Ainsi, pour entrer à l?Insm, il faut être titulaire du baccalauréat, exclusivement. Donc depuis 99, la loi n?a pas été respectée, l?école est hors la loi.» Ce délégué ainsi que l?ensemble des 72 étudiants pointent le doigt sur le ministère de la Culture qui «n?est pas en règle». «Ils ont commis l?erreur de ne pas respecter cette loi», poursuivent-ils. Par ailleurs, ils interpellent la directrice de l?institut pour «honorer son poste». «Elle doit accélérer les choses avec la tutelle. C?est elle qui est présente lors de l?examen final. Elle a sa part de responsabilité. Nous réclamons son départ. Elle a déposé plainte contre nous pour l?avoir empêchée de rejoindre son bureau et nous avons été éjectés manu militari de l?institut lors de la fermeture de l?Insm, ont précisé les étudiants. Le problème du diplôme n?est pas le seul car «l?institut comprend théoriquement deux filières : «musicologie» et «instrument et chant». Il dispense aujourd?hui un seul enseignement général : l?instrument. De plus à la fin du cursus, on ne peut prétendre à la postgraduation puisque notre diplôme n?est pas reconnu.» L?institut est censé former des enseignants théoriciens, des chefs d?orchestre et des compositeurs. C?est un rêve. Comment y parvenir avec un piano valable pour 72 étudiants ? Depuis 2001, aucun boursier n?a pu se former ailleurs. Des profs bénéficient de ces bourses. Pour ce qui est de la restauration et de l?hébergement, c?est le parcours du combattant. Au début, nous étions hébergés à l?Inad (l?Ismas). Pour la restauration, au début elle n?était pas assurée, avec le temps nous avons eu droit à des tickets de 25 DA pour le petit-déjeuner et 50 DA pour le déjeuner. Cela après les mouvements de protestation et les grèves. S?agissant des photocopies, un ticket doit être signé par le professeur. Certains professeurs n?ont pas le 3e cycle. Ils n?ont aucun poids. Ils ne prennent aucune décision. Il y a parmi eux trois Russes.» Ce n?est pas tout, car les étudiants de l?Insm ont confié que «le billet d?entrée est toujours en vigueur dans l?institut». Les étudiants sont tombés sur un «trésor», «des partitions héritées de l?Institut national de musique (INM ), rangées n?importe comment». « Avec tout ça et au bout pas de débouchés. Nous avons vécu dans un grand mensonge. Des promotions qui nous ont précédés ont passé 8 à 10 ans entre l?Irfm, délaissés par l?Education nationale, et l?Insm pour ne jamais obtenir le diplôme. Aucun ne l?a eu.» Les étudiants concluent : «Tant que nos revendications n?ont pas été satisfaites nous ne reprendrons pas les cours. La grève sera illimitée.» Enfin, ils interpellent le premier magistrat du pays pour intervenir car «il y a du louche, confusion et ambiguïté».