Résumé de la 12e partie n Charmé par la beauté de son hôtesse, Scharkân a vite fait de chasser ses remords d?avoir abandonné ses soldats malgré les conseils de son père. Alors la jeune femme vint tout près de lui et le regarda longuement, longuement. Puis soudain elle lui dit : «Tu es Scharkân ! Je n'en doute plus. O Scharkân, fils d'Omar Al-Némân, ô héros, ô magnanime, voici que tu éclaires cette demeure et l'honores ! Dis, ô Scharkân, ta nuit a-t-elle été tranquille et bonne ? ParIe-moi ! Et surtout ne feins plus, et laisse le mensonge aux maîtres du mensonge ; car la feinte et le mensonge ne sont point les attributs des rois, et surtout du plus grand d'entre les rois !» Lorsque Scharkân eut entendu ces paroles, il comprit qu'il ne lui servirait guère de nier, et répondit : «O toi, ô très douce, je suis Scharkân ibn-Omar Al-Némân. Je suis celui qui souffre de la destinée qui l'a jeté sans défense et tout meurtri entre tes mains ! Fais de moi selon ton gré et tes désirs, ô inconnue aux yeux noirs !» Alors l'inconnue abaissa un instant ses yeux vers la terre et réfléchit ; puis, regardant Scharkân, elle lui dit : «Apaise ton âme et adoucis tes regards ! Oublies-tu que tu es mon hôte et qu'entre nous il y eut le pain et le sel ? Et oublies-tu, en outre, qu'entre nous il y eut déjà mainte causerie amicale ? Tu es donc désormais sous ma protection et tu bénéficies de ma loyauté. Sois donc sans crainte, car, par le messie, si toute la terre se ruait contre toi, tu ne serais pas touché avant que mon âme fût sortie de mon corps pour ta défense !» Elle dit, et vint gentiment s'asseoir à ses côtés et se mit à causer avec un sourire très doux. Puis elle appela l'une de ses esclaves et lui parla en langue grecque ; et l'esclave sortit, pour revenir accompagnée de servantes qui portaient sur leur tête de grands plateaux chargés de mets de toutes les espèces, et d'autres qui portaient toutes sortes de flacons et des vases de boissons. Mais Scharkân hésita à toucher à ces mets ; et la jeune femme s'en aperçut et lui dit : «Tu hésites, ô Scharkân, et tu crois à la trahison. Ne sais-tu donc que j'aurais pu, dès hier, t'enlever la vie ?» Puis elle tendit, la première, sa main, et prit une bouchée de chaque plat. Et Scharkân eut honte de ses soupçons, et se mit à manger, et avec elle lui, et cela jusqu'à satiété. Puis, après s'être lavé les mains, ils firent apporter les fleurs et les boissons, dans de grands vases d'or, d'argent et de cristal ; et il y en avait de toutes les couleurs et des meilleures sortes. Alors la jeune femme remplit une coupe d'or et la but, la première ; puis elle la remplit de nouveau et la lui offrit ; et il la but. Elle lui dit : «O musulman, vois comme ainsi la vie est facile et pleine d'agrément !» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Quand vint le soir, elle dit : il m'est parvenu, ô roi fortuné, que la jeune inconnue dit à Scharkân : «O musulman, vois comme ainsi la vie est facile et pleine d'agrément !» Puis tous deux continuèrent à boire de la sorte, jusqu'à ce que la fermentation eût joué dans leur raison et que l'amour se fût bien incrusté dans le c?ur de Scharkân. Alors la jeune femme dit à l'une de ses suivantes préférées, nommée Grain-de-Corail : «O Grain-de-Corail, hâte-toi de nous apporter les instruments de plaisir !» (à suivre...)