Résumé de la 25e partie n Scarkân rentra chez lui, à Bagdad, en compagnie de la reine Abriza ; ils furent reçus avec les honneurs par le roi Al-Némân. Aussi, comme Scharkân ne pouvait penser que son père eût des vues sur la jeune reine, il se hâta d'aller la chercher et vint la lui présenter. Et le roi était assis sur son trône et avait congédié tous ses chambellans et tous ses esclaves, à l'exception des eunuques. Et la jeune Abriza arriva jusqu'à lui et baisa la terre entre ses mains, et lui tint un langage d'une pureté et d'une élégance délicieuses. Aussi le roi Omar Al-Némân fut-il à la limite de l'émerveillement et il la remercia et la glorifia pour tout ce qu'elle avait fait avec son fils, le prince Scharkân, et l'invita à s'asseoir. Et Abriza, alors, s'assit et enleva le petit voile qui lui couvrait le visage ; et ce fut un éblouissement ! Et tel, que le roi Omar Al-Némân faillit en perdre la raison. Et aussitôt il lui fit donner, dans le palais même, pour elle et pour ses compagnes, le plus somptueux des appartements réservés, et lui fixa un train de maison digne de son rang. Et, alors seulement, il l'interrogea au sujet des trois gemmes précieuses pleines de vertus. Alors Abriza lui dit : «Ces trois blanches gemmes, ô roi du temps, c'est moi-même qui les ai et elles ne me quittent jamais. Et je vais te les montrer !» Et elle fit apporter une caisse et l'ouvrit, et en tira une boîte dont elle enleva le couvercle, et tira de la boîte un écrin en or ciselé, qu'elle ouvrit. Et alors apparurent, rayonnantes, les trois gemmes précieuses, rayonnantes et blanches et arrondies. Et Abriza les prit et les porta à ses lèvres l'une après l'autre, et les offrit au roi Omar Al-Némân en cadeau pour l'hospitalité qu'il lui accordait. Et elle sortit. Et le roi Omar Al-Némân sentit son c?ur s'en aller avec elle : mais, comme les gemmes étaient là qui brillaient, il fit venir son fils Scharkân et lui donna l'une d'elles en présent ; et Scharkân lui demanda ce qu'il allait faire des deux autres gemmes. Et le roi lui dit : «Mais je vais les donner, l'une, à ta s?ur la petite Nôzhatou et, la seconde, à ton petit frère Daoul'makân.» A ces mots relatifs à son frère Daoul'makân, dont il ignorait absolument l'existence, Scharkân fut désagréablement affecté, car il ne savait que la naissance de Nôzhatou. Aussi se tourna-t-il vers le roi Omar Al-Némân, en lui disant : «O père, as-tu donc un autre fils que moi ?» Il dit : «Mais certainement, âgé de six ans, le frère jumeau de Nôzhatou, et tous deux nés de mon esclave Safîa, la fille du roi de Constantinia !» Alors Scharkân, bouleversé à cette nouvelle, ne put s'empêcher de secouer ses habits de dépit et de colère, mais il se contint tout de même et dit : «Puissent-ils tous deux être sous la bénédiction d'Allah le Très-Haut !» Mais son père remarqua son agitation et son dépit et lui dit : «O mon fils, pourquoi donc te mettre dans un état pareil ? Ne sais-tu pas que c'est à toi seul que revient la succession au trône à ma mort ? Et ne t'ai-je pas donné à toi, le premier, la plus belle d'entre les trois gemmes pleines de merveilles ?» Mais Scharkân ne se sentit point en état de répondre et, ne voulant pas contrarier ou peiner son père, il sortit, la tête basse, de la salle du trône. Et il se dirigea vers l'appartement réservé d'Abriza, et Abriza aussitôt se leva pour le recevoir, le remercia gentiment de ce qu'il avait fait pour elle et le pria de s'asseoir à côté d'elle. Puis, comme elle le voyait le visage sombre et attristé, elle le questionna tendrement ; et Scharkân lui raconta le motif de sa peine et ajouta : «Mais ce qui me préoccupe surtout, ô Abriza, c'est que j'ai fini par remarquer chez mon père des intentions douteuses à ton endroit, et j'ai vu ses yeux s'éclairer du désir de ta possession. Qu'en dis-tu donc, toi-même ?» (à suivre...)