Phénomène n La forêt Ghabate Erabaïne, au nord-est de Koléa, fait l'objet, depuis quelques années, d'un massacre sans précédent du fait des constructions illicites et des gourbis. Cette forêt d'eucalyptus est un beau site naturel qui aurait dû être protégé, mais qui subit des agressions répétées. Des centaines d'arbres sont quotidiennement abattus. Certains servent de supports à des fils électriques de haute tension alors que d'autres sont utilisés comme piliers ou sont tout simplement coupés et jetés à même le sol, formant un vrai cimetière. Le constat de l'ampleur des dégâts a encore été fait lors de la sortie d'exécution des P-V de démolition des constructions illicites effectuée à la fin de la semaine écoulée à douar Radar (ex-Saint-Maurice) par la commission d?urbanisme formée du président de l'APC de Koléa, de membres des services de l'urbanisme, de la police de l'urbanisme, de la protection de l'environnement, de la Gendarmerie nationale et de la Protection civile. A sa grande surprise, à peine dix jours après son passage au douar Radar, la commission a découvert de nouvelles constructions illicites ; d?autres, vidées de leurs occupants et qui devaient être démolies, ont été squattées par des familles. Au milieu d'autres constructions d?accès difficile, un gros arbre, encore enraciné, était en train de brûler, au milieu de la cour d'une nouvelle construction érigée à la hâte. Son propriétaire, originaire de l'Est, criait : «C'est mon pays, bladi.» Le parpaing a été saisi. A quelques mètres de là, une autre construction fermée et non occupée a été entièrement démolie. Un peu plus bas, dans une parcelle plus discrète, un maçon et son man?uvre étaient en train de préparer la plateforme d'une autre construction alors que les services de sécurité et la commission procédaient aux contrôles et aux démolitions juste à côté ! A la suite du mauvais temps et de la vague de froid de cette période hivernale, la commission d'urbanisme, dans l'embarras, a décidé de reporter à la saison estivale la démolition des constructions occupées par des familles. «Les gens sont bien informés», commente un membre du service technique. «Ils savent qu'on ne peut les jeter dehors pendant cette période», ajoute-t-il. Ils choisissent également les zones périphériques d?accès difficiles pour s'implanter. En effet, l'application de la loi 04/05 du 14 août 2004 relative à l'aménagement et à l'urbanisme n'a pu être appliquée. Ses articles citent les dispositions à prendre en cas d'infractions et les décisions de démolition lorsque la construction est érigée sans la délivrance d'un permis de construire. Les familles, qui se sont installées au douar Radar durant la décennie noire, ne sont pas concernées par cette loi, mais plutôt par celle 90-29 du 1er décembre 1990. La commune de Koléa a vu la démolition de 22 constructions illicites depuis 2005 à ce jour.