Danger Elle était loin de soupçonner que Houmma était, en réalité, un dealer. Tu verras, tu seras très bien ici avec nous. Cette maison est pleine d?hommes, tu seras en sécurité avec tes enfants. Rien ne peut t?arriver, tu peux même dormir dans la cour si tu veux. Tu n?as rien à craindre? C?est ainsi que Maïssa a parlé avec sa nouvelle voisine, venue habiter en face, dans un petit deux-pièces, avec ses deux enfants, âgés de cinq et huit ans. Maïssa était l?épouse d?un bijoutier de Annaba, une grosse matrone sans âge au visage inexpressif et sans beauté. Elle ajoute : ? Quand nous avons appris qu?une «hêdjala» allait habiter avec nous, je ne te cache pas que nous avons eu une certaine appréhension, on ne sait jamais? Nous tenons à notre réputation... Mais mon mari s?est renseigné, et il connaît ton père alors il m?a dit : «Tu n?as rien à craindre, ça ne peut être qu?une fille de famille?». ? Justement, je ne cherche que la tranquillité et j?ai horreur des histoires, répondit Houria, satisfaite. Les premiers mois dans son nouveau logement furent, en effet, sans histoire. Houria vivait retirée. Mais au bout d?un certain temps, elle remarqua que ses trois voisins qui vivaient dans la même cour qu?elle n?étaient pas tout à fait comme elle le croyait. Dans le logement de gauche, vivait un vieillard bossu et sa femme, la cinquantaine, d?une grande beauté, toujours habillée avec raffinement ne parlant à personne quand elle sortait étendre le linge sur les cordes tendues dans la grande cour commune. Elle était stérile et partageait son appartement avec son mari, un beau-fils qui devait avoir la cinquantaine, lui aussi célibataire, et une belle-fille divorcée, à l?aspect vulgaire. C?est le beau-fils, Houmma, qui intriguait Houria. Tous les soirs, après 22 h, elle entendait la grande porte claquer et des voix d?hommes l?appeler. ? Ya Houmma ! Ya Houmma ! Ces appels se répétaient chaque nuit. Elle était loin de soupçonner que l?homme était, en réalité, un dealer. Mais elle commençait à remarquer que chaque fois qu?elle sortait étendre son linge, Houmma ne cessait d?entrer et de sortir dans la cour en lui lançant des regards de travers. Elle resserrait alors son khimar autour de sa tête, se dépêchait de finir son travail et de refermer sa porte. Peu à peu, Maïssa était devenue presque une amie, avec sa langue bien pendue, racontant les histoires du voisinage et Houria se rendit compte qu?elle était très bien renseignée sur tout le monde. (à suivre...)