Résumé de la 4e partie Marjorie apprend à son mari que la femme enterrée à sa place était une inconnue qu?elle a tuée. Comment as-tu vécu ? Normalement. Je suis allée dans un foyer d?accueil, je n?avais pas beaucoup d?argent, j?avais oublié d?en prendre. Ce n?était pas cher, j?avais un lit et un repas par jour. ? Mais que faisais-tu toute la journée ? ? Rien. Je me promenais, je lisais les journaux. Je parlais avec les gens. Un jour, j?ai croisé cette femme, elle s?appelle Lydie, je crois, oui, c?est ça, Lydie. ? Celle qu?on a prise pour toi ? ? Oui? ? Elle te ressemblait beaucoup ! J?ai vraiment cru, j?étais sûr ! ? Oh ! pas tellement. Le visage, le corps c?était à peu près ça. Mais tu sais, les femmes comme moi, il y en beaucoup. Tu l?as reconnue parce qu?elle était morte et un peu défigurée sûrement. ça arrive souvent. ? Bon. Mais tu ne l?as pas tuée, hein ? Tu plaisantes ? C?est pas vrai ? Elle s?est noyée toute seule ? ? C?est moi qui l?ai poussée dans l?eau. La nuit. On se promenait, on discutait et puis je l?ai poussée. Elle ne savait pas nager, et puis l?eau était froide. J?ai regardé un moment, elle a coulé assez vite, finalement. ? Mais tu es un monstre ! Mais pourquoi, bon sang, pourquoi ? ? Je ne sais pas, je te dis ! Je l?ai tuée comme ça. ? Tu voulais qu?on la prenne pour toi ? C?est ça ? ? Non. J?ai vu dans les journaux que tu avais cru me reconnaître. C?était une coïncidence curieuse. ? Ecoute, Marjorie, tu me racontes des histoires ! Cette femme était nue, elle s?est suicidée, c?est pas possible autrement. ? Mais non. Elle s?est déshabillée exprès. C?était pour un client, elle était prostituée? _ Mais tu m?as dit que tu marchais avec elle, que vous discutiez ! ? Oui, on discutait de ses clients. Elle me disait : «J?ai un truc : quand je ne vois pas d?homme à l?horizon, je me déshabille sur le quai. Il y a toujours un automobiliste qui s?arrête. ça marche une fois sur deux.» «Et elle l?a fait ? ? Oui? ? Et tu l?as poussée dans l?eau tout de suite ? ? Je crois, oui... ? Qu?est-ce qui t?a pris ? ? Je ne sais pas. Je l?ai fait, c?est tout. ? Marjorie, tu es devenue folle ou tu fais une dépression nerveuse. C?est pas possible, ce n?est pas toi, ou alors il y a une raison, et je veux savoir, tu comprends. Je veux savoir ! ? Il n?y a rien à savoir.. ? Mais enfin, tu ne te sens pas différente ? Tu n?as pas eu peur ? Pas de remords ? ? Non. ?A quoi pensais-tu bon sang, tu pensais bien à quelque chose ? ? Rien de spécial. ? Et ça ne te paraît pas monstrueux ? ? Non ! ? Pourquoi es-tu revenue ? ça non plus, je ne comprends pas. ? Je suis revenue parce que j?avais envie de revenir. Mais il y a un ennui, c?est que je ne vais pas rester. La police va me mettre en prison. C?est normal. Tu sais, j?ai réfléchi à tout ça en revenant de Londres. Tout ce que je peux dire, c?est que je ne suis pas folle, je ne crois pas. Je n?ai pas l?impression d?avoir changé en quoi que ce soit. Je sais que j?ai commis un crime, mais ça ne me paraît pas extraordinaire. Je sais aussi que je ne peux pas rester avec vous, toi et les enfants. Je dois aller en prison. Tu vas le dire à la police bien sûr, c?est normal, et si tu ne le disais pas, je ne pourrais pas rester ici de toute façon. Mais au fond, ça m?est égal. Je vivrai aussi bien en prison. La difficulté ce sera d?expliquer tout ça à nouveau. Je vois bien que tu ne me comprends pas. Les autres ne comprendront pas non plus.» (à suivre...)