Résumé de la 2e partie n Patricia s?installe dans la maison de ses parents, décédés, où elle n?a plus remis les pieds depuis toute petite. Des souvenirs ressurgissent. Le souffle court, Pat aspira nerveusement l'air glacé qui lui brûla les poumons. Prise d'un violent frisson, elle serra ses bras autour d'elle. Elle perdit soudain l'équilibre et dut s'appuyer contre le mur de la maison pour éviter de tomber. Le vertige faisait tanguer devant elle les silhouettes sombres des arbres nus. La neige lui arrivait aux chevilles. Elle sentait l'humidité s'infiltrer dans ses bottes, mais ne voulait pas rentrer avant que l'étourdissement fût dissipé. Elle laissa s'écouler plusieurs minutes et se sentit enfin capable de retourner dans la pièce. Elle ferma soigneusement la porte à double tour, hésita, puis pivota résolument sur elle-même, et d'un pas lent, marcha à son corps défendant jusqu'à la cheminée. Avec réticence, elle passa sa main sur la brique rugueuse peinte à la chaux. Pendant longtemps, des bribes de souvenirs étaient venues l'assaillir telles des épaves de navire. Au cours des dernières années, elle avait, à plusieurs reprises, rêvé qu'elle se retrouvait, enfant, dans la maison. Invariablement, elle se réveillait en proie à une frayeur atroce, essayant de crier, incapable de proférer un son. Mais, avec la peur, une sensation d'abandon l'envahissait. La vérité se trouve dans cette maison, se dit-elle. C'était arrivé ici. Les manchettes à sensation, retrouvées dans les archives des journaux, lui revinrent à l'esprit : «Le député du Wisconsin Dean Adams assassine sa ravissante et aristocratique épouse et se donne la mort. Leur fille de trois ans est entre la vie et la mort.» Elle avait lu et relu les articles au point de les savoir par c?ur. «Profondément attristé, le sénateur John F. Kennedy a déclaré : ?Je n'arrive pas à comprendre. Dean était l'un de mes meilleurs amis. Rien chez lui n'avait jamais laissé supposer une violence refoulée.?» Qu'est-ce qui avait bien pu amener le populaire député au meurtre et au suicide ? Des rumeurs avaient couru selon lesquelles lui et sa femme étaient sur le point de divorcer. Dean Adams avait-il craqué en apprenant que sa femme était irrémédiablement décidée à le quitter ? Ils avaient dû lutter pour s'emparer du revolver. Sur l'arme, leurs empreintes mêlées se confondaient. On avait retrouvé leur fille de trois ans étendue contre la cheminée, le crâne fracturé, la jambe droite brisée. Veronica et Charles Traymore avaient dit à Pat qu'elle était une enfant adoptée. Elle n'avait su l'entière vérité que le jour où elle était entrée à l'université et avait voulu retrouver ses ascendants. Bouleversée, elle avait alors appris que sa mère était la s?ur de Veronica. «Tu es restée dans le coma pendant un an, et personne ne pensait que tu vivrais, lui avait raconté Veronica. Lorsque tu as finalement repris connaissance, tu étais comme un nouveau-né à qui il a fallu tout réapprendre. Ma mère ? ta grand-mère ? a même envoyé une notice nécrologique aux journaux. Ça montre à quel point elle voulait empêcher que le scandale te poursuive tout au long de ta vie. Charles et moi vivions en Angleterre à cette époque. Nous t'avons adoptée et dit à nos amis que tu venais d'une famille anglaise.» (à suivre...)