Résumé de la 176e partie n Pat comprend enfin qui est son agresseur : Arthur Stevens, le «père» d'Eleanor Brown. Elle veut le dire à Sam, mais son téléphone ne répond pas. La chaudière ronfla et un sifflement d'air s'échappa des bouches de chaleur. Le bruit la fit sursauter. C'est fou l'effet que cet endroit a sur moi, pensa-t-elle. L'émission commençait. D'un œil critique, Pat étudia les trois protagonistes — le sénateur, Luther et elle-même — assis en demi-cercle. L'arrière-plan était bon ; Luther avait eu raison de changer les fleurs. Abigail ne manifestait plus cette nervosité qu'elle montrait avant les prises de vues. Les documents sur Apple Junction étaient bien choisis. Les souvenirs d'Abigail sur ses jeunes années avaient juste la touche de chaleur humaine nécessaire. Et tout cela est un tel mensonge, pensa Pat. Les films d'Abigail et de Willard Jennings à leur mariage, aux réceptions dans leur propriété, durant les campagnes électorales. Les tendres souvenirs d'Abigail à propos de son mari pendant que les films se déroulaient. «Willard et moi... mon mari et moi...» Curieux qu'elle ne l'ait jamais appelé Billy. Avec une acuité grandissante, Pat se rendit compte que les films d'Abigail jeune éveillaient en elle des souvenirs curieusement familiers. Des souvenirs n'ayant rien à voir avec le fait qu'elle les avait si souvent regardés. Pourquoi cela se produisait-il maintenant ? Un spot publicitaire apparut sur l'écran. La séquence sur Eleanor et le détournement des fonds allait passer juste après. Arthur entendit Patricia Traymore descendre l'escalier. Prudemment, il avança sur la pointe des pieds jusqu'au moment où il fut certain d'entendre les sons assourdis de la télévision provenant du rez-de-chaussée. Il avait craint que des amis se joignent à elle pour regarder l'émission. Mais elle était seule. Pour la première fois depuis de si nombreuses années, il eut l'impression d'avoir revêtu l'habit que Dieu voulait qu'il portât. Les mains moites, il arrangea autour de lui le délicat tissu de laine. Cette femme profanait même les vêtements sacrés. De quel droit portait-elle le costume des élus ? Retournant à sa cachette, il se coiffa des écouteurs, alluma son poste de télévision et régla l'image. Il s'était branché sur le câble de l'antenne et l'écran était remarquablement net. S'agenouillant comme devant un autel, les mains jointes dans l'attitude de la prière, Arthur commença à regarder l'émission. Lila s'installa aussi pour regarder le reportage, son dîner disposé sur un plateau, devant elle. Elle ne parvenait même pas à faire semblant de manger. Elle était intimement persuadée que Pat courait un grave danger, et son sentiment s'accentua lorsqu'elle la vit apparaître sur l'écran. Des pressentiments de Cassandre, pensa-t-elle amèrement. Pat ne veut pas m'écouter. Il lui faut absolument quitter cette maison, sinon elle va rencontrer une mort plus violente que celle qui a frappé ses parents. Le temps lui est maintenant compté. Lila avait rencontré Sam Kingsley une seule fois et l'avait trouvé sympathique. Elle sentait qu'il comptait beaucoup pour Pat. Serait-ce d'aucune utilité de parler au député Kingsley, de partager son appréhension avec lui ? Pourrait-elle le persuader d'user de son influence pour convaincre Pat de quitter sa maison jusqu'à ce que cette sombre malédiction planant au-dessus d'elle se soit dissipée ? (à suivre...)